Un gigantesque chantier hospitalier privilégie le béton bas carbone

Un gigantesque chantier hospitalier privilégie le béton bas carbone
Le chantier du nouveau CHU de Nantes, le plus vaste en Europe, s'engage dans une démarche écologique en utilisant du béton "bas carbone" pour réduire les émissions de CO2. Les murs de l'hôpital prennent des teintes subtiles selon le liant utilisé, offrant une alternative plus respectueuse de l'environnement.

Le plus grand chantier hospitalier d’Europe opte pour le béton bas carbone

Le chantier de construction du nouveau Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nantes, actuellement en cours depuis un an, est considéré comme le plus vaste chantier hospitalier en Europe par le groupe de construction Vinci. Cette construction spectaculaire, prévue pour être achevée en 2027 sur 11 hectares de terrain, présente une particularité majeure : l’utilisation exclusive de béton « bas carbone ». Jusqu’à présent, environ 60 000 tonnes de ce béton ont été coulées sur les 120 000 prévues d’ici à la livraison en 2026. Vinci est responsable de la construction de neuf des quinze futurs bâtiments du complexe.

Bien que le béton « bas carbone » utilisé puisse sembler identique à un béton classique à première vue, il présente des nuances subtiles de couleur une fois sec, en fonction du liant utilisé pour remplacer le ciment polluant. Le béton gris est fabriqué à partir de laitier, un sous-produit de la fabrication de l’acier, en remplacement du « clinker », principal composant du ciment classique. La fabrication du clinker requiert une cuisson à très haute température, générant ainsi des émissions considérables de CO2.

Réduire les émissions de CO2 dans la construction

Fourni par le groupe irlandais Ecocem, le laitier produit un ciment et un béton qualifiés d' »ultra-bas-carbone » par Vinci, avec des émissions estimées à 70 % inférieures à celles d’un béton conventionnel. Toutefois, en raison de la décarbonation de l’industrie sidérurgique, la disponibilité future de laitier pourrait être limitée. En prévision de cette éventualité, Vinci a recherché un autre liant, à base de kaolin broyé et calciné à 700°C, fourni par la société Imerys, qui produit un béton légèrement rosé. Cette alternative, baptisée « métakaolin », réduit les émissions de CO2 de 40 % par rapport au ciment classique, tout en restant facilement accessible. Cette stratégie permet de « massifier le bas-carbone » tout en maintenant des coûts compétitifs, selon Bruno Paul-Dauphin, directeur des solutions bas carbone chez Vinci.

Malgré les avancées, Vinci admet que l’objectif de 100 % de réduction des émissions de CO2 dans la construction en utilisant du béton reste hors de portée. Le béton est largement utilisé dans le monde, et les émissions de carbone continuent d’augmenter. Cependant, Vinci s’engage à réduire d’au moins 30 % les émissions de CO2 par rapport au béton classique dans le cadre du projet du CHU de Nantes. Des mesures plus précises seront prises à la fin du chantier, car la réduction des émissions dépend également des conditions météorologiques et de l’utilisation de l’énergie sur le chantier.

Pour promouvoir des alternatives plus durables au béton, Vinci explore également d’autres matériaux, tels que le bois, pour certains projets de construction. En ce qui concerne le béton, l’entreprise continue de rechercher de nouvelles formulations de liant, notamment en utilisant des déchets industriels tels que les « fumées de silice », des résidus de l’industrie du silicium.