Les forestiers, protecteurs de la forêt… et des promeneurs

Les forestiers, protecteurs de la forêt… et des promeneurs

Ces dernières années, les Français ont répondu massivement à l’appel de la forêt. Pour faciliter la cohabitation grandissante entre les visiteurs et la biodiversité, les forestiers publics comme privés sont plus que jamais à l’œuvre…

Effet post-confinement ou tendance sociétale de retour à la nature aidant, le nombre de promeneurs explose dans les forêts françaises. Selon un sondage OpinionWay réalisé pour Stihl en mars 2021, plus d’un Français sur deux (56 %) s’y rendrait au moins une fois par mois, et même plus d’une fois par semaine pour un Français sur cinq. Et pour cause : passer du temps en forêt serait bénéfique pour la santé. Cela réduirait le taux de cortisol, l’hormone du stress, avec de plus un effet protecteur sur les maladies pulmonaires, cardiaques et mentales, d’après une étude américaine. Alors que les Français sont toujours plus nombreux (92 %) à déclarer aimer la forêt, il devient nécessaire de sensibiliser le grand public aux bons gestes à adopter. C’est précisément, parmi d’autres, la mission des forestiers, garants des bonnes pratiques à adopter pour concilier envie de nature, sécurité et préservation de la biodiversité.

Pour les y aider, l’ONF (Office national des forêts) a édité en 2016 une « charte du promeneur » intitulée « J’aime la forêt : ensemble, protégeons-là ! », à destination des marcheurs, cyclistes, cavaliers et autres visiteurs. Plusieurs règles et principes plus ou moins connus y sont ainsi énoncés et expliqués, comme ne pas laisser de déchets derrière soi, éviter de générer des incendies, restreindre la cueillette, limiter l’accès des véhicules à moteurs, ne pas ramasser le bois mort ou encore ne pas déranger la faune sauvage. Dans la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne) aux 11 millions de visiteurs annuels, ce travail de sensibilisation est relayé par une trentaine de « chouettes » bénévoles qui vont à la rencontre du public sur les sites les plus touristiques. Une mission pédagogique particulièrement utile en période de pandémie et de soif de nature. « En 2020, 2 500 personnes ont été sensibilisées. Et à la mi-juillet 2021, nous en [étions] à 2 000 personnes […], se réjouit Sophie David, cheffe de projet Forêt d’exception à l’ONF. Ce service aux usagers ne se substitue pas aux brigades mobiles et équestres de l’ONF, mais au contraire les complète. ».

Une ouverture vers tous les publics

Dans le Morvan, l’apprentissage de la forêt intervient dès le plus jeune âge. Les élèves des écoles maternelles s’y rendent tout au long de l’année pour apprivoiser ce milieu méconnu à travers des ateliers organisés conjointement par les enseignants et les employés du parc naturel régional. « Nous avions effectué une sortie en forêt l’automne dernier. À ce moment-là, les enfants avaient peur, ils n’osaient pas s’asseoir par terre. Aujourd’hui, ils sont beaucoup à l’aise, c’est une vraie sortie plaisir », témoigne Violaine Rossignol, directrice de l’école maternelle de Dun-les-Places. 

Pour les forestiers publics comme privés, la sécurité des promeneurs est une mission aussi importante que la protection de la biodiversité. Les lieux sont donc systématiquement balisés pour diriger les flux et écarter les dangers potentiels. Des opérations de prévention sont également organisées pour éviter les accidents, retrouver son chemin si on ne suit pas le balisage, éviter les contacts avec les insectes ou les végétaux pouvant représenter un danger pour la santé comme les tiques ou les champignons vénéneux, mais aussi limiter l’accès en cas d’intempéries ou de risques d’incendie. Toutes ces mesures de précaution représentent un investissement non négligeable pour les forestiers qui multiplient les initiatives pour ouvrir leurs domaines, que ce soit pour accueillir des visiteurs, permettre le passage de randonneurs, vététistes, cavaliers, ou encore proposer des loisirs et de l’hébergement. Pour les forestiers privés, ces activités peuvent constituer une source de revenus pour couvrir les charges de gestion et d’exploitation, mais aussi une opportunité de communiquer sur leur travail encore largement méconnu…