Un retour à la croissance après la crise
La tempête semble derrière elle. Touchée de plein fouet par la vague inflationniste de 2022-2023 qui avait détourné une partie des consommateurs du bio, Biocoop confirme aujourd’hui un retour à la croissance. Selon les chiffres dévoilés le 18 septembre, le réseau de magasins a enregistré une progression de 7,5 % de son chiffre d’affaires au premier semestre 2025, dépassant désormais 1,8 milliard d’euros.
« Cette dynamique est portée par une hausse de la fréquentation et un panier moyen en légère progression », explique le directeur général, Franck Poncet. L’enseigne, qui fédère près de 800 points de vente en France, se dit désormais en mesure de tourner la page de la crise du bio.
Un plan d’investissement « sans précédent »
Forts de ces bons résultats, les sociétaires de Biocoop ont validé en juin une nouvelle stratégie ambitieuse : investir plusieurs dizaines de millions d’euros d’ici 2029, un effort jugé « massif et sans égal dans l’histoire de la coopérative ». L’objectif affiché est clair : dépasser rapidement les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et renforcer la place du réseau dans le paysage de la distribution bio.
Dans ce cadre, Biocoop prévoit l’ouverture de 160 magasins supplémentaires au cours des quatre prochaines années. L’enseigne souhaite également élargir sa gamme « prix engagés », ces produits proposés à des tarifs plus abordables, qui passeront de 200 références actuellement à 500 d’ici 2029, sur un total de 10 000 références proposées.
Le bio doit redevenir accessible
Au cœur de cette stratégie, une priorité : redonner au bio son attractivité auprès du plus grand nombre. « Quand les ventes vont bien, nous voulons partager la valeur avec le consommateur », affirme Henri Godron, président de Biocoop. Dans cette logique, l’enseigne a déjà appliqué en avril dernier une baisse moyenne de 7 % sur plusieurs centaines de références.
De nouvelles initiatives pourraient être prises dès 2026, notamment en limitant la répercussion de l’augmentation des coûts sur les prix en magasin. L’enjeu est double : fidéliser les consommateurs existants et en conquérir de nouveaux dans un marché où le bio reste souvent perçu comme trop cher.
Une mission militante revendiquée
Mais au-delà des chiffres, Biocoop continue de revendiquer un positionnement engagé. « En tant que commerçants et militants, notre mission est de développer l’agriculture biologique, seule réponse face aux urgences climatiques, sociales et alimentaires », martèle Henri Godron.
Le dirigeant déplore toutefois un manque de soutien politique. Il cite en exemple la pétition contre la loi Duplomb – qui visait à assouplir certaines règles pour les produits conventionnels – ayant recueilli deux millions de signatures. « Jamais les attentes des consommateurs pour une alimentation saine et durable n’ont été aussi fortes, et pourtant jamais le soutien politique à la bio n’a été aussi faible », regrette-t-il.
Miser sur la restauration collective
Autre levier de croissance identifié : la restauration collective. La loi Egalim fixe un objectif de 20 % de produits bio dans les cantines, mais cet objectif reste encore loin d’être atteint. Biocoop entend se positionner sur ce marché avec sa filiale Biocoop Restauration, dont le chiffre d’affaires atteint déjà 20 millions d’euros.
L’enseigne estime que ce potentiel pourrait être doublé dans les prochaines années grâce à une meilleure structuration de l’offre et à l’ouverture de nouveaux marchés, en particulier dans les écoles et les administrations.
Un pari sur l’avenir
Avec ce plan de développement, Biocoop tourne une nouvelle page de son histoire. L’enseigne mise à la fois sur son ADN militant et sur une stratégie commerciale plus offensive pour séduire un public élargi. Si l’objectif de 160 magasins et de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2029 reste ambitieux, la dynamique actuelle semble donner à la coopérative les moyens de ses ambitions.