Une transformation portée par de nouveaux outils de mesure et de gestion des flux
La réduction du gaspillage alimentaire en amont repose sur une meilleure connaissance des pertes réelles. Les entreprises déploient des dispositifs de suivi qui mesurent précisément les volumes gaspillés à chaque étape. Ces données permettent d’ajuster les prévisions, d’optimiser la logistique et de mieux calibrer les commandes. Dans les exploitations agricoles, l’amélioration des outils d’estimation des rendements permet d’éviter les surproductions et de faciliter l’écoulement des volumes irréguliers. Les industriels, de leur côté, cherchent à réduire les pertes dans les lignes de transformation en améliorant les cadences et les paramètres de production.
Dans la distribution, la question des dates de consommation reste centrale. Les enseignes testent des systèmes d’affichage dynamique pour mieux gérer les durées de vie des produits et proposer des réductions ciblées lorsque les dates approchent. Certains magasins mettent en place des zones dédiées aux produits à durée de vie courte, favorisant leur écoulement. L’objectif est de réduire les invendus sans sacrifier la qualité ou la sécurité alimentaire.
Une mobilisation encore insuffisante pour atteindre les objectifs nationaux
Malgré ces avancées, les volumes gaspillés demeurent élevés. Les initiatives restent hétérogènes et dépendent fortement de la capacité des acteurs à investir dans des outils de suivi ou dans l’optimisation logistique. La filière agroalimentaire doit également composer avec des contraintes sanitaires strictes, qui limitent les marges de manœuvre pour prolonger les durées de vie ou revaloriser les produits. Les associations soulignent que la prévention à la source reste moins soutenue que la redistribution, alors qu’elle représente un levier essentiel pour réduire l’impact environnemental.
La lutte contre le gaspillage alimentaire nécessite une coordination entre producteurs, distributeurs et pouvoirs publics. Les objectifs fixés pour 2030 ne pourront être atteints qu’à condition de renforcer la prévention et d’harmoniser les pratiques. La réduction des pertes en amont constitue un enjeu environnemental majeur car elle permet de diminuer la pression sur les ressources naturelles, les émissions de gaz à effet de serre et la production de déchets. Le déplacement des efforts vers la source ouvre la voie à une approche plus cohérente et plus ambitieuse de la lutte contre le gaspillage alimentaire.