Le risque d’un “écart de compétitivité verte”
Depuis le lancement du Pacte vert, l’Union européenne s’est positionnée comme pionnière de la transition écologique. Mais cette avance a un prix. Les normes environnementales strictes, la taxation carbone aux frontières (mécanisme MACF) et les obligations de décarbonation créent des tensions dans plusieurs filières stratégiques.
Les industriels européens alertent sur un écart de compétitivité face aux États-Unis et à la Chine, où les soutiens publics massifs compensent les coûts de transition. L’Inflation Reduction Act, de l’autre côté de l’Atlantique, a déclenché un flot d’investissements dans les technologies bas carbone, tandis que la Chine consolide son avance sur les chaînes de production solaire et les métaux critiques.
Face à cette concurrence, Bruxelles veut éviter le double écueil : perdre sa souveraineté industrielle et freiner sa politique climatique.
Vers une réconciliation entre écologie et économie
La Commission européenne plaide pour une approche intégrée : combiner politique industrielle, innovation et ambition climatique. Le “Green Industrial Deal”, présenté en 2025, entend simplifier les aides publiques, accélérer les projets d’infrastructures vertes et soutenir les achats européens dans les filières bas carbone.
Selon la Banque européenne d’investissement, il faudra mobiliser 600 à 700 milliards d’euros par an d’ici 2030 pour financer cette transition. Les États membres réclament, en parallèle, des dispositifs sociaux d’accompagnement : formation, reconversion et investissements dans les territoires industriels.
L’enjeu dépasse désormais le cadre économique : il touche à la confiance des citoyens dans une transition juste. Réussir à concilier climat, industrie et emploi, c’est prouver que la décarbonation peut être une stratégie de puissance pour l’Europe — pas une contrainte.