Une nouvelle gouvernance pour les océans
Le traité, appelé BBNJ (“Biodiversity Beyond National Jurisdiction”), crée un cadre juridique pour protéger la biodiversité dans les eaux internationales, longtemps restées sans règles contraignantes. Il prévoit la mise en place de zones marines protégées, l’évaluation environnementale des activités humaines en haute mer et un partage équitable des bénéfices issus des ressources génétiques marines.
Cette approche marque une rupture : jusqu’ici, la haute mer était un espace de liberté totale, où la pêche industrielle, l’exploration minière ou la navigation échappaient à tout contrôle global. Avec ce traité, les États s’engagent à mieux encadrer ces pratiques, sous l’égide d’un futur organe de gouvernance internationale chargé d’approuver les projets et d’assurer le suivi environnemental.
Pour la France, dont la zone économique exclusive est la deuxième au monde, les enjeux sont majeurs. Le pays a joué un rôle moteur dans la ratification du texte, défendant l’idée d’une gouvernance fondée sur la science et la coopération. Paris espère aussi que cet accord contribuera à renforcer la lutte contre la pêche illégale et à limiter les impacts de l’exploitation minière des fonds marins.
Un tournant, mais de nombreux défis à venir
Malgré son adoption, l’efficacité du traité dépendra de sa mise en œuvre concrète. Plusieurs points restent flous : les modalités de financement, la capacité réelle de contrôle sur des zones immenses, et la coordination avec les conventions déjà existantes (comme celles sur la pêche ou la pollution maritime).
Les ONG saluent un texte “historique” mais rappellent que la création de zones réellement protégées nécessitera des moyens considérables : surveillance satellitaire, coopération scientifique, et sanctions en cas de non-respect. L’expérience passée montre que l’application de tels dispositifs peut prendre plusieurs années.
Pour les scientifiques, cette avancée diplomatique est néanmoins essentielle. En fixant des règles communes sur des espaces jusqu’ici délaissés, le traité BBNJ ouvre la voie à une gouvernance plus équitable des océans. Il redonne surtout un cadre d’espoir à la préservation de la biodiversité marine mondiale, menacée par la surexploitation et le dérèglement climatique.