Des écosystèmes sous pression
La hausse des températures perturbe les cycles saisonniers. Certaines espèces voient leur période de floraison ou de reproduction se décaler, ce qui rompt les interactions établies avec d’autres organismes. Par exemple, le hêtre européen, espèce emblématique des forêts tempérées, avance sa feuillaison de plusieurs jours chaque décennie. Ce changement peut désynchroniser sa relation avec les insectes pollinisateurs et les oiseaux qui se nourrissent de ses graines.
Les sécheresses prolongées fragilisent aussi les arbres, les rendant plus vulnérables aux maladies et aux attaques d’insectes. En France, les épidémies de scolytes dans les forêts d’épicéas ont détruit des milliers d’hectares depuis 2018, un phénomène amplifié par le manque d’eau et les températures élevées.
Des conséquences sur la faune
Les changements dans la composition et la structure des forêts modifient les habitats disponibles pour la faune. Certaines espèces, comme l’écureuil roux ou certaines chauves-souris forestières, peinent à trouver de la nourriture ou des zones de reproduction adaptées. En parallèle, des espèces plus adaptées à la chaleur, parfois invasives, progressent vers le nord ou en altitude, entrant en concurrence avec la faune locale.
Le papillon citron de Provence, auparavant limité au sud de la France, a été observé jusque dans le nord du pays. Ces déplacements modifient l’équilibre écologique, avec des conséquences imprévisibles sur la chaîne alimentaire.
Vers des forêts résilientes
Pour limiter ces impacts, plusieurs stratégies sont mises en place. Les gestionnaires forestiers testent la diversification des essences, en introduisant des espèces plus tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, comme le chêne pubescent ou certaines variétés méditerranéennes. En Allemagne, un programme pilote vise à remplacer progressivement 5 % des plantations monospécifiques par des forêts mélangées d’ici 2030, afin d’accroître la résilience aux aléas climatiques.
La restauration des zones humides forestières et la protection des vieux peuplements, qui stockent davantage de carbone et abritent une biodiversité plus riche, font aussi partie des solutions envisagées pour préparer les forêts tempérées aux défis à venir.