Une agriculture sous pression : l’urgence de réinventer les pratiques
L’agriculture en France représente environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre, principalement dues à l’usage intensif des engrais chimiques et des pesticides, ainsi qu’à la gestion des terres agricoles. Avec l’augmentation des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les inondations, les exploitants agricoles font face à des défis de plus en plus complexes. En 2025, une étude de l’INRAE estime que 30 % des exploitations agricoles en France connaissent une baisse significative de leur rentabilité en raison de l’impact du climat sur la production agricole.
Face à cette situation, la transition vers une agriculture durable s’impose comme une nécessité. Il s’agit de réduire la dépendance aux produits chimiques, de favoriser la biodiversité des sols, et de rester économiquement viable. Cela implique des investissements dans des techniques agricoles comme l’agriculture de conservation, la culture bio et l’agroforesterie, qui contribuent à restaurer la fertilité des sols et à limiter les effets des sécheresses.
Les circuits courts comme solution
Les circuits courts représentent une réponse partielle mais efficace aux défis de l’agriculture durable. En permettant aux producteurs locaux de vendre directement aux consommateurs, les circuits courts réduisent la dépendance aux grandes surfaces de distribution et permettent de limiter les intermédiaires, avec des bénéfices écologiques et économiques. En 2025, environ 25 % des ventes de produits alimentaires en France sont réalisées en circuits courts, avec une forte croissance observée ces dernières années. Selon les chiffres de FranceAgriMer, le nombre de fermes bio vendant en circuit court a augmenté de 15 % entre 2023 et 2025.
Le groupe Les Fermes de Fanny, par exemple, a vu ses ventes augmenter de 40 % grâce à la vente directe via des marchés locaux et des magasins de producteurs. Ces circuits permettent de réduire l’empreinte carbone de la production alimentaire, de raccourcir les chaînes d’approvisionnement, et de favoriser une consommation responsable.
Les défis des circuits courts et de l’agriculture durable
Cependant, les circuits courts rencontrent également des obstacles importants. L’un des principaux défis reste l’accès au financement pour les agriculteurs, qui peinent à moderniser leurs exploitations ou à investir dans des pratiques plus durables. Selon une étude de Terres Inovia, environ 35 % des producteurs qui souhaitent passer à une agriculture durable se heurtent à des difficultés pour obtenir des aides publiques ou des financements privés, en raison des faibles marges ou du manque de formation.
Un autre défi majeur est la compétition avec l’agriculture intensive, qui reste plus rentable à court terme. Les grandes surfaces, qui continuent de privilégier les produits bon marché, jouent également un rôle clé dans la difficulté d’accès aux circuits courts pour de nombreux producteurs. Les prix bas imposés par les distributeurs aux producteurs de produits agricoles non locaux rendent difficile l’intégration de produits locaux et durables dans les rayons des magasins.
Une prise de conscience croissante et des solutions en développement
Néanmoins, la prise de conscience des consommateurs et des producteurs grandit face aux enjeux climatiques et environnementaux. Le marché des produits bio et durables continue de croître, représentant près de 14 % des ventes alimentaires en France en 2025, selon les derniers chiffres de FranceAgriMer. Le secteur de l’agriculture durable, bien qu’encore en développement, pourrait voir une forte augmentation de sa part de marché dans les années à venir, à condition que des politiques publiques de soutien et des investissements dans l’agriculture durable soient mis en place.
Des initiatives comme la loi sur l’agriculture durable en 2023, qui offre des subventions pour les producteurs souhaitant adopter des pratiques plus écologiques, et le Plan Ambition Bio 2025, qui soutient le développement de l’agriculture biologique en France, sont des pistes encourageantes. Toutefois, pour garantir le succès de cette transition, il faudra veiller à un accompagnement efficace des exploitants et à un développement des circuits courts pour encourager les achats responsables.
Un modèle à renforcer pour l’avenir de l’agriculture
Les défis de l’agriculture durable et des circuits courts sont immenses, mais ils sont également porteurs de solutions à long terme pour la préservation de l’environnement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En 2025, la transition écologique dans l’agriculture doit aller de pair avec un soutien renforcé aux producteurs, à travers des incitations financières, une simplification des démarches administratives, et une meilleure gestion des ressources agricoles. Une meilleure coordination entre les acteurs publics et privés, et un accès facilité au marché pour les producteurs locaux, permettront de renforcer l’impact des circuits courts pour une agriculture plus durable.