Pollution : Traces de crème solaire découvertes au pôle Nord

Pollution : Traces de crème solaire découvertes au pôle Nord
Les glaciers du Svalbard, dans l'Arctique, abritent des résidus de crèmes solaires et de parfums, révélant une contamination inattendue. Une étude met en lumière l'ampleur de cette pollution, soulevant des questions sur l'impact sur les écosystèmes fragiles de la région.

Pollution cosmétique à l’extrême

Une nouvelle étude révèle des résultats surprenants alors que des scientifiques ont découvert des résidus de crèmes solaires et de parfums dans les glaces du Svalbard, au pôle Nord. « C’est la première fois que du benzophénone-3, de l’octocrylène, du méthoxycinnamate d’éthylhexyle et du salicylate d’éthylhexyle sont retrouvés à de si hautes latitudes », déclarent les chercheurs dans la revue Science of the Total Environment. Cette contamination soulève des questions sur la manière dont ces produits chimiques ont atteint des terres aussi isolées et pose des inquiétudes quant à leur impact potentiel sur l’écosystème arctique.

Les cosmétiques voyageurs des latitudes basses aux hautes latitudes

Les glaciers du Svalbard, pourtant éloignés de toute activité humaine directe, ont révélé la présence de substances potentiellement dangereuses pour l’environnement. « Les fragrances des parfums et les molécules anti-UV des crèmes solaires sont relâchées dans l’atmosphère lors de leur production ou utilisation par les particuliers. Transportées par les courants atmosphériques, elles parviennent à atteindre les hautes latitudes », expliquent les chercheurs. Ces polluants, désormais piégés dans la glace, soulèvent des préoccupations quant à leur libération lors de la fonte estivale et à leur impact sur les écosystèmes arctiques, mettant en lumière l’impact global des activités humaines sur des régions aussi reculées que le pôle Nord.

Chaque année, une quantité alarmante de 25 000 tonnes de crème solaire est déversée dans les océans, équivalent à 48 litres chaque minute à l’échelle mondiale, révèle la Fondation pour la nature et l’homme. Jérôme Labille, chercheur au CNRS d’Aix-en-Provence, confirme ce chiffre extravagant. À l’échelle locale, pour une plage de Marseille, les calculs démontrent que 52 kg de crème solaire finissent quotidiennement dans la Méditerranée pendant la saison estivale. Bien que l’impact précis de cette pollution reste partiellement compris, des certitudes émergent. Certains filtres solaires chimiques s’avèrent toxiques pour les coraux, tandis que d’autres s’accumulent dans les racines des posidonies, mettant en péril la vie sous-marine en Méditerranée. Des inquiétudes subsistent quant à la possibilité que des molécules, potentiellement des perturbateurs endocriniens, pénètrent la chaîne alimentaire par le biais des poissons ou des coquillages.

Les chercheurs estiment que ces polluants ont été transportés « depuis les latitudes basses par la circulation atmosphérique », soulignant ainsi l’impact mondial des produits cosmétiques sur des régions isolées comme l’Arctique.