« La valorisation du bois s’inscrit dans un cadre vertueux et cyclique », Thierry Foret

« La valorisation du bois s’inscrit dans un cadre vertueux et cyclique », Thierry Foret
De plus en plus graves et palpables, les conséquences du dérèglement climatique ont aussi de grandes conséquences sur nos forêts. Si la question de la résilience de ces peuplements est évidente, celle de la valorisation des bois qui ont subi les conséquences de ce dérèglement se pose également. Thierry Foret, ancien pompier et aujourd’hui responsable HSE et premier adjoint de la commune de Saint-Magne – une commune qui a subi les flammes des incendies marquants de 2022 pendant 72 jours continus –, revient sur ces enjeux.

Le dérèglement climatique a des conséquences importantes sur les forêts françaises. Comment cela s’est-il traduit à Saint-Magne ?

Le symbole le plus fort a été les incendies de 2022 où Saint-Magne a concentré de nombreux dysfonctionnements, car nous avons subi l’arrivée d’un feu et le départ d’un autre.

Ces incendies ont eu des conséquences directes, comme la perte de nombreux arbres, mais il y a aussi des conséquences indirectes. Nous avons, par exemple, subi dernièrement des périodes très pluvieuses. Ces fortes pluies ont surchargé les sols en eau. Et le manque de pins maritimes pour absorber toute l’eau présente dans le sol engendre de fortes inondations par remontées d’eau. Voilà un exemple typique des conséquences du dérèglement climatique sur nos territoires.

L’augmentation de la mortalité des arbres pose la question de la gestion des bois morts. Comment gérez-vous cela ?

Suite aux incendies, l’arrivée en masse du scolyte, un coléoptère, a considérablement détérioré l’état sanitaire des arbres et de la forêt. Ces ravageurs s’attaquent aux bois morts restés dans les forêts avant de s’attaquer au bois sain. Si, cette année, l’hiver n’est pas suffisamment rigoureux, il est certain que l’été prochain sera le théâtre d’une attaque de scolyte sans précédent.

Pour gérer les arbres morts ou malades et protéger les arbres encore sains, le travail de nos propriétaires forestiers est donc indispensable. Depuis les incendies, ces derniers se sont attelés à valoriser la quasi-totalité des peuplements atteints.

Pour ce faire, toutes les parties du bois sont utilisées au mieux. Certains de ces arbres sont ainsi valorisés en bois énergie, pour faire des plaquettes ou des pellets, et les parties trop petites pour être broyées l’ont été sur place pour faire de l’engrais naturel pour les prochaines plantations. Dans tous les cas, la valorisation du bois s’inscrit dans un cadre vertueux et cyclique.

Existent-ils d’autres possibilités de valorisation pour le bois incendié ?

Oui bien sûr. Les forestiers ont aussi pu valoriser leurs bois en palettes, en emballages et en bois d’œuvre (bois construction) pour les bois de meilleure qualité. Tout a été fait pour valoriser au mieux chaque bois, en tenant compte des exigences de chaque secteur.

Dans cette situation de crise, la filière bois a donc été obligée de s’adapter, et elle sera obligée de le faire dans les années à venir, car il est certain que ce type d’évènements risque malheureusement de se reproduire. Il revient aux acteurs forestiers et aux élus de travailler ensemble, à l’unisson, pour préparer au mieux nos forêts aux risques à venir, mais aussi pour valoriser de façon optimale chacun de nos hectares.

À Saint-Magne, nous avons engagé un travail de communication auprès des forestiers pour optimiser au mieux nos politiques de gestion forestière afin de préserver la biodiversité, maximiser la résilience de nos peuplements, et garantir la valorisation du bois.

C’est une démarche essentielle puisque nous risquons de connaître à nouveau ce genre de scénario. En tant qu’ancien pompier, j’ai pu constater tout au long de ma carrière que les leçons sont rarement retenues. Il faut impérativement inverser la tendance si l’on souhaite revoir un jour nos paysages. Pour ma part, je sais que je ne les reverrai plus.