La France déroule le tapis rouge pour les usines de batteries de véhicules électriques

La France déroule le tapis rouge pour les usines de batteries de véhicules électriques
En juillet dernier, dans une salle de bal ornée du château de Versailles, le directeur de la société taïwanaise ProLogium a pris une paire de ciseaux et a coupé en deux l'une de ses batteries à semi-conducteurs de la taille d'une carte de crédit. 

Selon deux personnes présentes à la réunion, M. Macron a été stupéfait par la démonstration de la sécurité et de la durabilité de la technologie de nouvelle génération dont de nombreux constructeurs automobiles espèrent qu’elle équipera bientôt les véhicules électriques (VE). « Nous allons vous faciliter la vie et vous aider à vous installer ici », a-t-il déclaré à Vincent Yang, directeur général de ProLogium.

Dix mois plus tard, M. Macron et M. Yang se sont retrouvés côte à côte à Dunkerque pour annoncer que ProLogium avait choisi le port du nord de la France pour installer sa première « gigafactory » de batteries pour véhicules électriques en dehors de Taïwan.

Il s’agit de l’une des quatre gigafactories de ce type dont M. Macron espère qu’elles transformeront l’ancienne région minière pauvre en une plaque tournante de l’industrie des batteries pour véhicules électriques, créant ainsi des emplois et contribuant à placer la France à l’avant-garde de la transition énergétique de l’Europe.

Des entretiens avec dix fonctionnaires et cadres impliqués dans les décisions d’investissement montrent que la France a déroulé le tapis rouge, offrant aux fabricants de batteries de généreuses subventions grâce à un assouplissement des règles de l’UE en matière d’aides d’État pour les projets d’énergie verte – ainsi qu’à un certain lobbying personnel d’Emmanuel Macron.

Une course au sein même de l’Europe

Les constructeurs automobiles font la course pour devancer leurs rivaux en produisant des véhicules plus propres, en s’assurant un meilleur contrôle de leurs chaînes d’approvisionnement et en rapprochant de leurs sites de production les usines qui fabriquent les batteries des véhicules électriques, un secteur dominé par les entreprises chinoises, sud-coréennes et japonaises.

Dans le même temps, les gouvernements européens craignent que la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA), d’un montant de 430 milliards de dollars, qui prévoit d’importantes subventions fiscales pour réduire les émissions tout en stimulant la production nationale, ne détourne les investissements vers les États-Unis au détriment de l’Europe.

C’est pourquoi la transformation de la région Nord, autrefois industrialisée, en un centre de regroupement de gigafactories représente une victoire de la souveraineté économique et manufacturière européenne face à la forte concurrence américaine et chinoise.

Pour financer l’usine de de ProLogium, qui devrait représenter un investissement total de 5,2 milliards d’euros et créer 3 000 emplois à terme, la France a offert des incitations d’une valeur de plus d’un milliard d’euros.