Des groupes pétroliers néerlandais accusés d’avoir financé un climatosceptique

Des groupes pétroliers néerlandais accusés d’avoir financé un climatosceptique

Un collectif de journalistes d’investigation accuse des dizaines de groupes pétroliers néerlandais d’avoir participé à des activités de lobbying dans les années 90 afin de remettre en cause la véracité du changement climatique et, surtout, le rôle de l’homme dans ce phénomène. Des groupes tels que Shell et KLM sont notamment pointés du doigt pour avoir soutenu financièrement une figure néerlandaise importante du mouvement climatosceptique dans les années 90.

Ces accusations ont été formulées par la Plateforme Journalisme Authentique (PAJ) dans un rapport intitulé « Shell Papers », relayé dans le quotidien De Volkskrant ainsi que sur le site d’information indépendant Follow the Money.

« Entre 1989 et 1998, le climato-sceptique néerlandais Frits Böttcher a reçu plus d’un million de florins [soit 450.000 euros, ndlr] de Shell et d’autres multinationales néerlandaises », affirme la PAJ après un travail d’investigation de 5 mois dans les archives de M. Böttcher.

M. Böttcher est le co-fondateur du Club de Rome, un groupe de réflexion créé en 1968 et composé de scientifiques et d’économistes. Professeur de chimie physique à l’Université de Leiden, la plus ancienne des universités néerlandaises, Frits Böttcher est décédé en 2008.

Selon les conclusions du collectif de journalistes, le géant pétrolier Shell, la banque ING, la compagnie aérienne KLM et des dizaines d’autres entreprises ont versé des fonds à cet universitaire néerlandais afin qu’il mette en place un « réseau international de climato-sceptiques » via la publication d’ouvrages, de rapports et d’articles d’opinion volontairement biaisés.

Frits Böttcher, profitant du manque d’étude scientifique de cette époque, n’hésitait pas a affirmé que l’effet de serre était « un mythe » et que le dioxyde de carbone n’était pas dangereux mais bénéfique pour les plantes.

« Son lobbyisme a, selon des scientifiques, contribué au fait que les Pays-Bas ont mis longtemps à mettre en place une politique du climat », explique le journal De Volkskrant.

Plusieurs groupes mis en cause ont tenu à réagir directement dans les colonnes du quotidien néerlandais. Si certains groupes pétroliers n’hésitent pas à se cacher derrière l’argument de l’ancienneté des faits pour se dédouaner de leur responsabilité, d’autres reconnaissent avoir participé au versement de fonds à M. Böttcher.

« C’était il y a 25, 30 ans. Nous ne pouvons pas spéculer sur ce qui s’est précisément passé ni dans quel contexte. Nous allons nous pencher dessus », a affirmé le pétrolier Shell.

L’affaire a en tout cas poussé le groupe de défense de l’environnement Milieudefensie à publier un communiqué réclamant une enquête parlementaire sur le trafic d’influence des entreprises sur les milieux de la politique et la science.