Les machines de captage direct de CO2 pourraient utiliser « un quart de l’énergie mondiale » en 2100

Les machines de captage direct de CO2 pourraient utiliser « un quart de l’énergie mondiale » en 2100
Selon une nouvelle étude, les machines aspirant directement du CO2 dans l’air pourraient réduire le coût de la réalisation des objectifs climatiques mondiaux, mais elles auraient besoin d’un quart de l’approvisionnement énergétique mondial en 2100.

La recherche, publiée fin juillet dans Nature Communications, est la première à explorer l’utilisation de la capture directe d’air (DAC) dans plusieurs modèles informatiques. Il en ressort qu’un déploiement « massif » de la technologie pourrait réduire le coût de la limitation du réchauffement à 1,5 ou 2 ° C par rapport aux niveaux préindustriels.

Cependant, l’étude invite les décideurs à ne pas considérer la capture d’air directe comme la « panacée » pouvant remplacer les efforts immédiats visant à réduire les émissions, a déclaré l’un des auteurs de l’étude, ajoutant que « les risques sont trop élevés ».

Soutien pour la réduction des émissions

La DAC doit être considérée comme un « soutien pour la réduction des émissions » lorsque la réduction des émissions est trop complexe ou trop coûteuse, a déclaré le directeur général d’une startup développant la technologie.

L’accord de Paris de 2015 avait pour objectif de limiter le réchauffement causé par l’homme à un niveau « bien en dessous de 2 ° C » et avec comme vision de rester en dessous de 1,5 ° C. Pour répondre à cette ambition, il faudra utiliser des « technologies d’émissions négatives » pour éliminer l’excès de CO2 de l’atmosphère, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Ce terme fourre-tout recouvre un large éventail d’approches, notamment la plantation d’arbres, la restauration de tourbières et d’autres « solutions climatiques naturelles ». Cependant, les voies modèles développées par les chercheurs reposent principalement sur la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECCS). C’est à cet endroit que la biomasse, telle que les granulés de bois, est brûlée pour générer de l’électricité et que le CO2 résultant est capturé et stocké.

Le rôle potentiel important de BECCS soulève un certain nombre de problèmes, les zones terrestres consacrées à la croissance de la biomasse nécessaire dans certaines filières modèles représentant jusqu’à cinq fois la taille de l’Inde.

Une solution alternative est la capture directe de l’air, dans laquelle des machines sont utilisées pour aspirer le CO2 de l’atmosphère. Si le CO2 est ensuite enfoui sous terre, le processus est parfois appelé captage et stockage directs du carbone dans l’air (DACCS).

Deux modèles proposés

La nouvelle étude d’aujourd’hui explore la manière dont la DAC peut aider à atteindre les objectifs climatiques mondiaux avec « des coûts inférieurs », en utilisant deux modèles d’évaluation intégrée différents.

Les deux technologies DAC incluses dans l’étude reposent sur différentes manières d’absorber le CO2 atmosphérique, développées par un certain nombre de start-ups du monde entier.

La première, généralement utilisée dans les grandes installations industrielles telles que celles testées par la société canadienne Carbon Engineering, utilise une solution d’hydroxyde pour capter le CO2. Ce mélange doit ensuite être chauffé à haute température pour libérer le CO2 afin qu’il puisse être stocké et l’hydroxyde réutilisé. Le processus utilise la technologie existante. C’est la technologie dont le coût est le moins élevé.

La deuxième technologie utilise des adsorbants d’amine dans de petits réacteurs modulaires tels que ceux développés par la société suisse Climeworks. Les coûts sont actuellement plus élevés, mais le potentiel d’économies serait plus important, suggère le document. Cela est dû à la conception modulaire qui pourrait être réalisée sur une chaîne de production industrielle, ainsi qu’aux températures plus basses nécessaires pour libérer du CO2 pour le stockage, ce qui signifie que la chaleur perdue pourrait être utilisée.

Un coût important, à relativiser

Dans l’ensemble, malgré « une grande incertitude » sur le coût de la DAC, l’étude suggère que son utilisation pourrait permettre de retarder quelque peu les réductions mondiales des émissions de gaz à effet de serre, ce qui « réduirait considérablement les coûts de la politique climatique » afin de respecter des limites de température strictes.

Bien que la DAC soit relativement coûteuse, les modèles proposés dans l’étude la considèrent toujours moins chère que la réduction des émissions de ces secteurs difficiles à aborder. Cela signifie que les modèles déploient de grandes quantités de DAC, même si ses coûts se situent dans la partie supérieure des estimations actuelles.

Cela signifie également que les modèles considèrent que, pour atteindre les objectifs climatiques, le DAC présente des coûts globaux moindres.