La Bretagne bientôt à la pointe de la culture de micro-algues

La Bretagne bientôt à la pointe de la culture de micro-algues
C'est à Plouguenast, petite commune de 2.000 âmes située dans les Côtes-d'Armor, que se construit actuellement la plus grande ferme de micro-algues d'Europe. L'objectif de ce projet imaginé par la société nantaise LDC Algae, est de produire plus de 7.800 tonnes de micro-algues (de la "chlorelle de quatre à six microns") qui serviront à rendre plus vertueux les produits issus des industries cosmétiques, pharmaceutiques et alimentaires. Retour sur la genèse de ce projet.

« En 2010, L’Oréal nous a demandé de trouver une solution pour réduire l’huile de palme de la cosmétique. Les micro-algues étaient les candidates idéales », explique René-Jean Guillard, responsable en recherche et développement pour Skyworld China et porteur du projet LDC Algae.

Il faudra cependant attendre deux années supplémentaires pour que les micro-algues deviennent concurrentielles par rapport à l’huile de palme. C’est en 2012 que Skyworld China et Expanoleo Mexico décident de se lancer dans la construction d’un vaste complexe dédié à la production d’algues microscopiques. Rapidement, les deux partenaires évoquent la Bretagne pour l’installation de leur projet. La raison est simple : cette région dispose des effluents d’élevage, une ressource indispensable à la réussite de l’objectif zéro déchet du processus de culture des micro-algues.

Les effluents d’élevages, récoltés auprès d’une cinquantaine d’éleveurs partenaires de la région, seront entièrement valorisés par LDC Algae grâce à un processus de dégradation de la matière organique : la méthanisation des effluents va en effet permettre de générer l’électricité et la chaleur nécessaires au développement des micro-algues. Ces dernières seront ensuite nourries grâce à une solution liquide (produite grâce à la filtration du digestat issu de la méthanisation) et du CO2 capté à la sortie des co-générateurs.

Enfin, pour parvenir à un circuit vertueux entièrement zéro déchet, le résidu solide du digestat sera utilisé pour produire un lombricompost : l’action d’une colonie de vers de terre permettra en effet de transformer ce résidu solide en fertilisant adapté aux critères de l’agriculture biologique. La lombriculture permettra également de produire du percolat, reconnu comme un insecticide.

Une fois sa construction achevée, la ferme de Plouguenast couvrira une surface de 32 hectares et devrait nécessiter la création de 40 emplois. Les premières micro-algues devraient être produites d’ici la fin de l’année.

Ces algues microscopiques seront majoritairement destinées à la nutrition animale. Elles peuvent par exemple servir à enrichir l’eau des poules afin de renforcer leur système immunitaire et favoriser la ponte. LDC Algae compte également s’appuyer sur sa production pour lancer la commercialisation d’une boisson vitaminée à base de micro-algues ainsi qu’une gamme de cosmétiques et des meubles en lombricompostpour la culture de plantes aromatiques.