Une révolution discrète dans la régulation énergétique
La France a récemment franchi une étape avec un arrêté publié en septembre 2025, qui consacre la notion de “services système” fournis par les producteurs. Concrètement, les installations solaires, éoliennes ou hydrogène peuvent désormais contribuer à la stabilité du réseau en ajustant leur production en temps réel selon la demande, ou en stockant temporairement l’électricité.
Cette évolution technique répond à une réalité : la montée en puissance des renouvelables rend le réseau plus variable et donc plus difficile à piloter. Pour compenser l’intermittence du vent ou du soleil, les opérateurs historiques – RTE en tête – misent sur une coordination fine entre producteurs, gestionnaires de réseau et consommateurs industriels. Le tout soutenu par le déploiement massif de capteurs, d’IA prédictive et de plateformes numériques capables d’anticiper les fluctuations de charge.
Vers une nouvelle économie de la flexibilité
Ce changement de paradigme ouvre la voie à un marché inédit : celui de la flexibilité énergétique. Les producteurs qui participent activement à la stabilisation du réseau pourront être rémunérés pour leurs services, à l’image des batteries ou des opérateurs de stockage. Cela bouleverse la logique économique du secteur : produire ne suffit plus, il faut désormais participer à l’équilibre collectif.
Les industriels y voient une opportunité stratégique. En optimisant leurs flux, ils réduisent les risques de coupure et maximisent la valeur de l’énergie injectée. Pour l’État, c’est aussi un moyen de sécuriser le système électrique sans recourir systématiquement à des centrales thermiques de secours. À terme, cette logique participative pourrait transformer profondément la gouvernance énergétique européenne : un modèle plus souple, plus distribué, et surtout plus résilient face aux chocs climatiques et géopolitiques.