Une filière en structuration face à la complexité des matériaux
Les textiles mélangés, les fibres synthétiques et les traitements appliqués sur les vêtements compliquent le recyclage à grande échelle. La plupart des vêtements collectés ne peuvent pas être recyclés mécaniquement ou chimiquement sans étape préalable de tri très fin. De nouveaux outils automatisés émergent pour distinguer les types de fibres et séparer les composants, mais leur déploiement reste limité. Les centres de tri doivent adapter leurs méthodes pour traiter des flux de plus en plus hétérogènes et répondre à la demande croissante des industriels du recyclage.
Les entreprises innovantes développent des procédés capables de récupérer des fibres en bon état ou de transformer des matières synthétiques en produits chimiques réutilisables. Ces solutions représentent une avancée importante, mais elles doivent encore être mises à l’échelle pour répondre à l’ensemble du gisement. Le recyclage massif repose sur une capacité industrielle stable, une qualité de tri constante et une coordination renforcée entre producteurs, distributeurs et opérateurs.
Une montée en puissance freinée par les limites actuelles du marché
La filière REP textile soutient la collecte et encourage l’innovation, mais elle doit composer avec des coûts élevés et un marché souvent déséquilibré. Les débouchés pour les fibres recyclées restent insuffisants, et les prix varient fortement en fonction de la demande internationale. Les marques s’engagent davantage dans l’écoconception, mais ces efforts ne suffisent pas encore à réduire la quantité de textiles jetés chaque année. Le développement du recyclage chimique pourrait permettre de traiter des volumes plus importants, mais sa généralisation dépendra des investissements et de l’évolution des réglementations.
L’objectif de recyclage massif d’ici 2030 apparaît atteignable seulement si les capacités industrielles sont fortement renforcées dans les prochaines années. Il implique une collaboration plus étroite entre tous les acteurs de la chaîne et une évolution des pratiques de consommation. La France dispose des outils pour progresser, mais la réussite dépendra de sa capacité à accélérer le déploiement des technologies et à structurer durablement la filière.