C’est devenu un rituel planétaire. Chaque fin novembre, le Black Friday déclenche une vague d’achats aussi massive qu’éphémère. Smartphones dernier cri, ordinateurs flambant neufs, casques connectés : des millions de produits s’écoulent en quelques jours, dopant la surconsommation… et l’empreinte carbone.
Mais dans l’ombre de cette déferlante commerciale, une autre tendance s’installe : celle du reconditionnement électronique, symbole d’un numérique plus sobre, plus local et plus circulaire.
Derrière l’écran, une filière en pleine mutation
En France, près d’un smartphone sur six vendu en 2025 est désormais issu du reconditionnement. Un bond spectaculaire, porté par des acteurs comme Back Market, Largo, YesYes ou Recommerce. Ces entreprises ont industrialisé la seconde vie des appareils : test, diagnostic, réparation, nettoyage, garantie — le tout souvent dans des ateliers français.
Résultat : un appareil reconditionné émet jusqu’à 75 % de CO₂ en moins qu’un neuf, selon l’Ademe. Et la filière ne cesse de se structurer : les opérateurs télécoms (Orange, SFR, Bouygues) proposent leurs propres gammes “seconde main”, tandis que des enseignes comme Fnac Darty mettent le reconditionné au cœur du “Green Friday”.
Derrière ces initiatives, une véritable logique de filière émerge : traçabilité des pièces, ateliers locaux, formation à la réparation et structuration d’une filière REP dédiée aux équipements électriques et électroniques (EEE).
Entre marketing vert et vraie sobriété
Reste que la tentation de repeindre le Black Friday en vert est forte. “Repair Friday”, “Green Friday”, “Refurb Day” : les slogans rivalisent, mais les volumes de vente continuent de croître. Certains y voient du greenwashing de saison, où la durabilité devient argument commercial plutôt que changement de modèle.
Les entreprises du reconditionnement, elles, insistent sur l’enjeu culturel : prolonger la durée de vie des appareils, réduire la dépendance aux matières premières et repenser la notion même de propriété. “Le smartphone le plus écologique, c’est celui qu’on garde”, rappellent les acteurs du secteur.
Face à la frénésie consumériste du Black Friday, le reconditionnement trace une autre voie : celle d’un numérique plus lent, plus circulaire et plus cohérent avec les objectifs climatiques. Une manière de prouver que la haute technologie n’a pas forcément besoin d’être neuve pour être désirable.
