Animaux de compagnie : un nombre en hausse qui pèse de plus en plus sur l’environnement

Animaux de compagnie : un nombre en hausse qui pèse de plus en plus sur l’environnement
La France compte aujourd’hui plus de 15 millions de chats et 9 millions de chiens. Un record européen qui témoigne de l’attachement croissant des ménages pour leurs compagnons à quatre pattes. Mais derrière cette présence chaleureuse, les spécialistes alertent : la multiplication des animaux domestiques soulève des enjeux environnementaux souvent méconnus, liés à leur alimentation, leurs déchets et leur impact sur la biodiversité.

Une population en forte croissance

Depuis une dizaine d’années, le nombre de chats ne cesse d’augmenter, tandis que celui des chiens se maintient à un niveau très élevé. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : urbanisation, solitude accrue, besoin de réconfort émotionnel, popularité des animaux dans les réseaux sociaux, ou encore augmentation du nombre de foyers monoparentaux.

Cette présence massive a toutefois des conséquences environnementales qui commencent à être étudiées de plus près.

Un impact important de l’alimentation

L’alimentation des chiens et des chats constitue le premier poste d’impact environnemental. Les croquettes et pâtées sont majoritairement fabriquées à partir de produits animaux : viande, abats, poissons. Or, la production de protéines animales est l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre.

Plusieurs études internationales estiment que les animaux domestiques consomment l’équivalent de dizaines de millions de tonnes de viande par an. Rapportée à l’échelle d’un pays comme la France, cette consommation contribue mécaniquement à augmenter les émissions liées à l’élevage intensif, à l’usage de terres agricoles et au transport de matières premières.

Des déchets qui s’accumulent

Outre la nourriture, les animaux génèrent également une quantité importante de déchets. Pour les chats, ce sont les litières qui posent problème : nombre d’entre elles contiennent des minéraux non renouvelables comme la bentonite, extraite de carrières, ou des produits chimiques permettant d’absorber les odeurs.

Les chiens, eux, produisent des excréments dont une partie finit dans l’environnement faute d’être ramassés. Ces déjections contribuent à la pollution des sols, des cours d’eau et favorisent la prolifération de bactéries et parasites. À cela s’ajoutent les plastiques issus des sacs à déjections, jouets, accessoires, gamelles ou colliers, qui peuvent se retrouver dans les poubelles ou, pire, dans la nature.

Un risque réel pour la biodiversité

Le chat domestique est aujourd’hui considéré comme l’un des premiers prédateurs de la faune sauvage dans de nombreux pays. En France, les estimations suggèrent que des centaines de millions de petits animaux — oiseaux, rongeurs, lézards — sont tués chaque année. Certes, le chat ne crée pas seul le déclin des populations d’oiseaux, mais il en aggrave les effets dans un contexte déjà marqué par l’urbanisation et l’agriculture intensive.

Les chiens peuvent également perturber la faune locale, notamment dans les zones naturelles très fréquentées : courses derrière les troupeaux, dérangement des espèces protégées, transmission possible de maladies comme la parvovirose ou la leptospirose.

Vers une possession plus responsable

Face à ces constats, les experts ne prônent pas la réduction drastique du nombre d’animaux domestiques, mais une approche plus responsable. Plusieurs pistes sont évoquées : privilégier des croquettes moins riches en viande ou contenant des protéines alternatives, choisir des litières compostables, ramasser systématiquement les déjections, équiper les chats de colliers anti-chasse ou les laisser sortir moins longtemps dans les zones sensibles.

Les vétérinaires rappellent également l’importance de la stérilisation, qui limite non seulement les abandons et la surpopulation animale, mais aussi l’impact écologique des populations félines errantes.

Un sujet encore peu discuté

Si la question reste sensible — tant les animaux de compagnie occupent une place affective dans les foyers — elle commence à émerger dans les débats environnementaux. Certains chercheurs estiment même qu’elle deviendra incontournable dans les années à venir, à mesure que le nombre d’animaux augmentera et que les ressources naturelles continueront de se raréfier.

Les chiens et chats font partie de nos vies, mais la manière dont nous en prenons soin aura, de plus en plus, des conséquences visibles sur l’environnement. Adopter des pratiques plus responsables apparaît désormais comme une nécessité, autant pour préserver la planète que pour garantir le bien-être de nos compagnons.