Sécheresse, maladies, dépérissement : la forêt sous pression
Dans le Grand Est, les épicéas déclinent sous l’effet des scolytes, tandis que le hêtre souffre de la répétition des épisodes secs. Dans le Sud-Ouest, le pin maritime subit la concurrence d’espèces plus tolérantes à la chaleur. Des poches de dépérissement apparaissent également dans le Massif central, où le sapin pectiné peine à supporter les étés plus chauds. Ces phénomènes, autrefois ponctuels, deviennent plus fréquents et menacent l’équilibre économique et écologique des forêts.
Les gestionnaires publics comme privés observent une évolution rapide des sols, des réserves en eau et des cycles de croissance. Le constat est partagé : certaines essences historiquement dominantes ne pourront plus occuper les mêmes surfaces dans les décennies à venir. L’enjeu concerne autant la biodiversité que la filière bois, qui dépend d’une ressource stable pour alimenter construction, industrie et énergie.
Diversification des essences et nouvelles stratégies sylvicoles
Pour répondre à ces transformations, la gestion forestière évolue vers des modèles plus diversifiés. Les plantations associent désormais plusieurs essences afin de limiter les risques. Le chêne sessile, plus tolérant à la sécheresse, gagne du terrain. Des espèces du sud de l’Europe, comme le cèdre de l’Atlas ou le pin pignon, sont testées dans certaines régions. Ces choix reposent sur des études écophysiologiques, des expérimentations locales et des projections climatiques.
La diversification ne vise pas à remplacer les essences traditionnelles, mais à constituer des peuplements mieux armés contre les aléas. Les gestionnaires cherchent à maintenir un équilibre entre continuité écologique, capacité d’adaptation et valeur économique du bois. Cette transition se construit sur plusieurs décennies, car une forêt ne se transforme pas en quelques années. Elle nécessite également une concertation étroite entre chercheurs, forestiers et collectivités pour anticiper les modèles de forêt de demain.