Des stocks fragilisés par les canicules marines
Depuis 2022, l’Atlantique nord et la Méditerranée connaissent des épisodes de chaleur marine d’une intensité exceptionnelle. Ces températures élevées modifient la répartition et les cycles de reproduction de nombreuses espèces. Les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer estiment que plusieurs stocks, dont ceux du cabillaud, du merlu ou du maquereau, sont désormais de trente à quarante pour cent inférieurs aux projections réalisées avant les anomalies climatiques.
Ces variations entraînent une incertitude croissante dans les modèles utilisés pour fixer les quotas. La Commission européenne a donc engagé une première réduction ciblée des captures pour 2025, une décision sensible dans un contexte où les flottes côtières subissent déjà la hausse du coût du carburant et des charges d’exploitation. Les territoires littoraux redoutent une fragilisation supplémentaire d’activités déjà sous pression depuis plusieurs années.
Entre préservation des écosystèmes et maintien de l’activité
Pour les pêcheurs, la baisse des quotas représente un choc économique. Certaines flottilles enregistrent des pertes de revenus significatives et s’inquiètent de l’avenir de la filière. Les mareyeurs, les transformateurs et la restauration redoutent également une diminution de l’approvisionnement, qui pourrait entraîner des impacts en chaîne sur l’emploi local.
Les ONG environnementales rappellent cependant que ces décisions sont indispensables pour éviter un déclin durable des ressources marines. Elles plaident pour une gestion plus écosystémique, intégrant les effets du climat, de l’acidification des océans et de la pression cumulative sur les habitats. Elles appellent aussi à renforcer les contrôles sur les captures illégales et à améliorer la sélectivité des engins afin de limiter les prises accessoires.
La Commission européenne cherche à concilier ces impératifs. Elle mise sur un renforcement des aides financières du FEAMPA, sur la création de zones de repos biologique, et sur la diversification des activités littorales autour de l’aquaculture durable ou de la valorisation locale des produits de la mer. Elle rappelle que l’intégration du climat dans les quotas devra désormais devenir un principe durable de la politique commune de la pêche.
À terme, la viabilité des communautés littorales dépendra étroitement de la santé des écosystèmes marins. Sans stocks en bon état, ni la pêche durable ni l’équilibre économique des territoires côtiers ne peuvent être garantis. L’ajustement des quotas constitue une étape difficile, mais nécessaire, face à un océan profondément transformé par le changement climatique.