Des milliers de sites encore à traiter
En France, on compte plus de 7 000 sites et sols pollués recensés par le ministère de la Transition écologique, dont près d’un tiers toujours en attente de traitement. Les sources sont multiples : anciennes usines chimiques, dépôts d’hydrocarbures, fonderies, tanneries ou décharges sauvages.
La réglementation européenne s’est renforcée : la future directive sur la santé des sols, prévue pour 2026, impose aux États membres d’identifier et de restaurer les terrains contaminés d’ici 2050. En parallèle, les projets d’aménagement urbain (ZAC, écoquartiers, reconversion de friches) se multiplient sur des sols pollués, obligeant à des dépollutions massives avant tout chantier.
À Lille, à Fos-sur-Mer ou à Saint-Nazaire, d’anciennes zones industrielles deviennent ainsi des laboratoires de dépollution grandeur nature. Les techniques évoluent : phytoremédiation, lavage des sols, oxydation chimique, ou encore confinement des polluants.
Entre impératif économique et exigence écologique
La dépollution reste un défi financier : selon l’Ademe, le coût moyen d’un traitement complet varie de 150 à 500 € par m², selon la complexité du site. Les collectivités locales et les promoteurs demandent une meilleure répartition des charges entre acteurs publics et privés. La Commission européenne, de son côté, envisage un fonds dédié à la réhabilitation des sites orphelins, ceux dont les responsables historiques ont disparu.
Mais au-delà de la technique, la dépollution pose une question de modèle : comment éviter de déplacer la pollution ailleurs ou de créer de nouvelles passivités ? Les chercheurs plaident pour des approches intégrées : traçabilité des déchets, évaluation des risques à long terme, et valorisation des terres dépolluées dans des projets durables.
La France et plusieurs États membres y voient aussi une opportunité : celle de reconvertir des friches en espaces économiques et écologiques, comme le montre le succès des écoquartiers sur d’anciens sites miniers ou portuaires. En 2025, dépolluer ne consiste plus seulement à réparer le passé, mais à préparer les territoires à une transition plus sûre et plus propre.