Des sols dégradés dans toute l’Europe
Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), 60 à 70 % des sols européens sont aujourd’hui dans un état “non sain”. En cause : l’agriculture intensive, la consommation d’espaces naturels et la pollution industrielle. Chaque année, l’équivalent d’un département français disparaît sous l’asphalte ou le béton.
Les impacts dépassent le seul champ agricole : perte de biodiversité, émissions de CO₂ issues de la dégradation des matières organiques, baisse de la capacité de stockage d’eau. L’artificialisation et la compaction des sols réduisent aussi leur rôle d’amortisseur face aux inondations et aux sécheresses.
Plusieurs États, dont la France, l’Espagne et l’Allemagne, peinent à atteindre les objectifs de “zéro artificialisation nette” fixés pour 2050. La diversité des réglementations nationales rend difficile une approche cohérente à l’échelle européenne.
Entre restauration et planification
Pour y remédier, la Commission européenne prépare une directive sur la santé des sols, inspirée du modèle de la directive “Eau”. L’objectif : établir des indicateurs communs, renforcer la surveillance et imposer des plans de restauration pour les zones dégradées. Des programmes pilotes sont déjà en cours dans les zones méditerranéennes et les plaines agricoles d’Europe centrale.
Les scientifiques plaident pour une approche intégrée : lier la politique agricole commune (PAC), la stratégie biodiversité 2030 et la planification urbaine afin de traiter le sol comme une ressource stratégique, au même titre que l’eau ou l’énergie.
Certains territoires testent déjà des solutions : reconstitution de haies, cultures de couverture, désimperméabilisation urbaine ou réutilisation des friches. Ces démarches locales montrent qu’une restauration progressive est possible, mais nécessitent un soutien financier durable.
L’enjeu est désormais politique : donner au sol une véritable valeur dans les décisions économiques. Car sans sols vivants, ni agriculture durable ni adaptation climatique ne seront possibles.