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Ressources en eau le répit des pluies masque-t-il une fragilité structurelle

Rivière française à bas niveau en période de sécheresse estivale.

Malgré les pluies de septembre, la France reste confrontée à un déficit hydrique structurel.

Les pluies de la fin d’été ont apporté un répit bienvenu après plusieurs mois de sécheresse. Dans plusieurs régions, les nappes phréatiques se sont légèrement rechargées, et les arrêtés de restriction d’eau ont été levés. Mais ce répit reste fragile. Derrière cette amélioration ponctuelle, les spécialistes alertent sur une réalité inquiétante : la France vit désormais dans un cycle de déséquilibre hydrique durable.

Des nappes en amélioration, mais toujours sous tension

Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), plus de la moitié des nappes présentaient en septembre un niveau satisfaisant. C’est mieux qu’en 2023, où la quasi-totalité du territoire était en déficit. Pourtant, les disparités régionales demeurent fortes : si les nappes du nord et de l’ouest se sont reconstituées, celles du pourtour méditerranéen et de la vallée du Rhône restent préoccupantes.

Les pluies estivales, souvent intenses et brèves, ont davantage ruisselé qu’infiltré, limitant la recharge réelle des nappes. À cela s’ajoute une consommation d’eau toujours élevée : usage agricole, industriel et domestique. Le réchauffement climatique accentue le phénomène en allongeant les périodes de sécheresse et en réduisant l’efficacité des précipitations.

Les experts du BRGM et de Météo-France convergent : le pays ne manque pas d’eau en volume global, mais de régulation. Autrement dit, la ressource existe, mais elle s’écoule trop vite ou trop mal.

Une gestion de la ressource à repenser

Cette situation interroge la stratégie nationale de l’eau. Le plan gouvernemental “Eau & Climat”, lancé en 2023, encourage la sobriété et la réutilisation des eaux usées. Mais sur le terrain, la mise en œuvre reste lente. Moins de 1 % des eaux traitées sont aujourd’hui réutilisées en France, contre plus de 10 % en Espagne ou en Italie.

Les investissements dans les réseaux demeurent insuffisants : selon la Fédération professionnelle Canalisateurs de France, près de 20 % de l’eau potable se perd encore par fuites. Parallèlement, les tensions entre usages — agriculture, production énergétique, industrie, tourisme — s’intensifient chaque été.

Pour les hydrologues, la priorité est claire : il faut passer d’une logique de gestion de crise à une approche structurelle, fondée sur la planification et la solidarité territoriale. Les infrastructures de stockage, la préservation des zones humides et la modernisation des réseaux doivent désormais être pensées comme des piliers de l’adaptation climatique.

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