Le gouvernement a confirmé en septembre 2025 l’attribution du projet Centre Manche 2 à TotalEnergies, en partenariat avec Qair et Offshore Wind Consultants. D’une capacité de 1,5 GW, ce futur parc deviendra le plus vaste jamais attribué en France. Au-delà du symbole, il marque une étape clé pour une filière encore jeune, entre ambitions industrielles, souveraineté énergétique et exigences environnementales.
Un projet structurant pour la transition énergétique française
Situé à 45 km au large du Cotentin, le parc Centre Manche 2 devrait produire assez d’électricité pour alimenter 1,6 million d’habitants. Il s’inscrit dans la stratégie nationale d’accélération de l’éolien en mer, qui vise 18 GW installés d’ici 2035.
Pour TotalEnergies, déjà présent à Dunkerque et en Bretagne Sud, ce nouveau succès confirme un virage stratégique vers les renouvelables. L’entreprise mise sur une intégration complète : conception, exploitation, maintenance et raccordement. Une logique de filière nationale, pensée pour réduire la dépendance énergétique et renforcer la production bas-carbone.
Mais le chantier reste complexe. Les procédures d’autorisation environnementale sont longues et les contentieux fréquents. Les associations locales demandent des garanties sur la préservation des fonds marins et des couloirs migratoires d’oiseaux. L’État affirme que le projet a été conçu pour limiter les impacts écologiques, avec des techniques d’ancrage plus légères et une implantation éloignée des zones sensibles.
Un tournant industriel pour l’éolien en mer français
Avec Centre Manche 2, la France entre dans une phase industrielle comparable à celle de ses voisins européens. Les ports de Cherbourg, Saint-Nazaire et Le Havre serviront de bases logistiques et d’assemblage des fondations et des pales. À la clé : près de 4 000 emplois directs et indirects pendant la durée du projet.
Ce dynamisme intervient dans un contexte de forte concurrence internationale. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Danemark disposent déjà d’une avance significative, tant sur la production que sur la formation des techniciens. Pour combler ce retard, la France devra garantir la stabilité réglementaire de ses appels d’offres, consolider ses chaînes d’approvisionnement et accélérer la formation aux métiers de la maintenance offshore.
Si le calendrier est respecté, avec une mise en service entre 2031 et 2033, Centre Manche 2 pourrait devenir le projet-référence de la filière française. Il symboliserait le passage d’une phase expérimentale à une véritable industrie nationale de l’éolien en mer.