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Objectif 2040 de l’UE ambitions climatiques élevées ou contraintes géopolitiques

Hémicycle du Parlement européen lors d’un débat sur la stratégie climat 2040.

L’Union européenne vise une réduction d’au moins 90 % de ses émissions d’ici 2040, entre ambitions élevées et contraintes géopolitiques.

À l’heure où le monde attend des signaux forts avant la COP 30 au Brésil, l’Union européenne tente de redéfinir son cap climatique. En septembre 2025, la Commission a présenté sa proposition pour l’horizon 2040 : une réduction d’au moins 90 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Sur le papier, la trajectoire est ambitieuse. Mais derrière les annonces, les réalités économiques, énergétiques et géopolitiques pèsent lourd.

Entre ambition politique et prudence économique

Bruxelles veut afficher une Europe toujours exemplaire dans la lutte contre le réchauffement. L’objectif de –90 % prolonge logiquement le Pacte vert et prépare la neutralité carbone de 2050. Pourtant, la route s’annonce escarpée. Les crises successives — guerre en Ukraine, inflation énergétique, tensions sur les métaux critiques — ont ralenti l’élan collectif.

Les États membres peinent à trouver un équilibre entre ambition climatique et compétitivité industrielle. Les pays très dépendants du charbon ou du gaz redoutent une désindustrialisation accélérée, tandis que les économies plus avancées dans la transition réclament un cadre commun plus contraignant. Le débat s’enlise sur les moyens : faut-il renforcer le marché carbone, taxer davantage les importations polluantes, ou miser sur une relance verte soutenue par des investissements massifs ?

Dans ce contexte, certains observateurs voient dans la cible 2040 un compromis avant tout politique, conçu pour ménager les divergences nationales plutôt qu’un véritable plan d’action.

Une Europe sous pression internationale

L’Union européenne n’évolue plus dans le vide. Ses choix climatiques sont désormais observés à la loupe par ses concurrents et ses partenaires commerciaux. Les États-Unis, dopés par l’Inflation Reduction Act, investissent massivement dans leurs filières vertes. La Chine, de son côté, avance à un rythme soutenu sur les technologies bas-carbone. Face à eux, l’Europe peine à maintenir son avantage historique, celui d’un continent pionnier, à la fois moteur diplomatique et laboratoire de politiques environnementales.

Le risque est double : perdre de sa crédibilité internationale tout en suscitant un désenchantement interne. Car si les objectifs sont ambitieux mais inaccessibles, c’est la confiance dans la transition elle-même qui vacille. Pourtant, malgré les compromis, le socle demeure : l’Union européenne reste le seul bloc à avoir intégré le climat dans l’ensemble de ses politiques économiques. L’enjeu, désormais, n’est plus seulement de viser haut, mais de tenir la trajectoire.

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