En septembre 2025, les ministres de l’Environnement des Vingt-Sept ont trouvé un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035. Le texte fixe une baisse comprise entre 66 % et 72 % par rapport à 1990. Présenté comme un compromis politique, cet engagement apparaît pour beaucoup comme un recul face aux ambitions initiales de l’Union européenne.
Une ambition freinée par les divisions internes
Cet accord, qui se veut une « déclaration d’intention », n’a pas de valeur contraignante. Derrière ce langage diplomatique se cachent de profondes divergences entre États membres. L’Allemagne, l’Espagne ou le Danemark plaident pour une trajectoire plus ambitieuse, tandis que la Pologne ou la Hongrie réclament davantage de flexibilité, invoquant le coût de la transition énergétique.
La France adopte une position intermédiaire, soutenant une ambition élevée, mais assortie de garanties économiques et sociales. Ce fragile équilibre aboutit à une cible floue, jugée insuffisante par de nombreuses ONG. En l’absence de cadre contraignant, les observateurs redoutent une dilution de l’effort collectif et un affaiblissement du signal envoyé aux investisseurs.
Le leadership climatique européen fragilisé
Depuis le lancement du Pacte vert, l’Union européenne se présentait comme la locomotive mondiale du climat. Mais ce compromis minimaliste fait planer un doute sur sa crédibilité. Alors que la COP 30 se profile, les divergences internes et la prudence politique risquent de limiter sa capacité à entraîner le reste du monde.
Ce recul relatif pourrait avoir des conséquences diplomatiques durables. En ralentissant le rythme de sa transition, l’Europe expose son leadership climatique à l’érosion, au moment même où d’autres puissances — comme les États-Unis ou la Chine — accélèrent leurs investissements dans les technologies vertes. Si le continent veut conserver son rôle moteur, il lui faudra transformer rapidement les intentions en engagements concrets.