Déchets du bâtiment : vers un recyclage massif des matériaux ?

Déchets du bâtiment : vers un recyclage massif des matériaux ?
Le secteur du bâtiment génère près de 230 millions de tonnes de déchets chaque année en France, soit plus des deux tiers de la production nationale. Longtemps orientés vers la mise en décharge, ces flux sont aujourd’hui au cœur d’une mutation réglementaire et industrielle. L’instauration de la filière à responsabilité élargie du producteur (REP Bâtiment), entrée en vigueur en 2023, impose aux fabricants et distributeurs de financer la collecte et le recyclage. Reste à savoir si ce dispositif permettra un véritable changement d’échelle.

Une filière en construction

La REP Bâtiment doit permettre la création de milliers de points de collecte pour centraliser plâtre, bois, béton ou métaux issus des chantiers. Plusieurs éco-organismes agréés ont commencé à structurer la filière, avec l’objectif de recycler 70 % des déchets du secteur d’ici 2030.

Certaines innovations accélèrent ce mouvement. Des entreprises transforment déjà les gravats en granulats pour de nouveaux bétons, tandis que des filières locales se spécialisent dans la récupération de fenêtres, tuiles ou isolants. Ces démarches réduisent la pression sur les ressources naturelles et limitent les émissions liées à l’extraction et au transport de matériaux vierges.

Entre ambitions et obstacles à surmonter

Malgré ces avancées, les freins restent importants. Les chantiers souffrent encore d’un manque de tri à la source, faute de temps, de formation ou de moyens. Le coût du recyclage peut également décourager certaines entreprises, surtout les petites structures. Les collectivités locales, de leur côté, peinent à mettre en place des déchetteries adaptées à des volumes massifs.

Pour atteindre les objectifs fixés, il faudra renforcer les contrôles, améliorer la traçabilité des flux et développer des débouchés économiques solides pour les matériaux recyclés. Si ces conditions sont réunies, le recyclage du bâtiment pourrait devenir un levier essentiel de l’économie circulaire française et un outil concret pour réduire l’empreinte carbone du secteur.