Feux de forêts : prévenir plutôt que subir

Feux de forêts : prévenir plutôt que subir
Sécheresse, maladies, attaques de ravageurs : le changement climatique accentue dramatiquement la vulnérabilité des arbres et donc le risque de feux de forêt. Pour réduire ce risque, les autorités rappellent quelques gestes de bon sens. En forêt, les forestiers s'activent toute l'année pour prévenir, grâce à la gestion durable des forêts, les incendies.

Cet été, ce sont quelques 35 671 hectares de forêt qui ont brûlé en France, d’après l’EFFIS, le système européen d’information sur les feux de forêt. Un chiffre 3,5 fois plus élevé que les neuf dernières années, au cours desquelles une moyenne de 10 500 hectares étaient partis en fumée. Une moyenne qui ne rend pas compte de l’accélération du phénomène : en 2022, ce sont déjà près de 49 000 hectares qui avaient disparu, et plus de 21 600 l’année suivante. Cet été, c’est bien évidemment le terrible incendie dans l’Aude qui a attiré l’attention, le feu ravageant pas moins de 17 000 hectares en quelques jours.

Le changement climatique accentue le risque incendie

Comme le rappelait l’INRAE en 2024, « un feu de forêt résulte de trois facteurs : une source d’ignition, un combustible et des conditions météorologiques favorisant la propagation des flammes ». « De fait », poursuivait l’Institut, « le risque d’incendie est aggravé par le changement climatique » : « en effet, la chaleur assèche les sols et favorise les attaques de parasites sur le bois, même l’hiver. La végétation et le bois mort représentent alors un stock important de combustible. De plus, les pluies deviennent plus rares en été, ce qui aggrave le phénomène ».

Si le réchauffement climatique poursuit son cours, l’INRAE prévoit que l’activité des feux de forêts augmentera, en France, de 13% à 22% dès 2030. Parallèlement, les incendies de petite taille seront plus fréquents, et la saison des feux s’étendra sur une plus longue période, tout en affectant des régions françaises jusqu’alors relativement épargnées. Le phénomène ne s’arrêtera pas aux frontières de l’Hexagone. Ainsi, le nombres de mégafeux pourraient connaitre une augmentation de 30% d’ici 2050 à l’échelle mondiale.

Ces petits gestes qui peuvent éviter de grands drames

Doit-on se résoudre pour autant à une forme de fatalité ? Ce serait oublier que, même exacerbés par le réchauffement du climat, les feux de forêt ont neuf fois sur dix une origine humaine. Il est donc possible de réduire le risque incendie en adoptant certains gestes simples, comme le rappellent chaque été désormais les autorités : ne pas jeter son mégot de cigarette, éviter les barbecues, bricoler loin des zones sensibles et avec un extincteur à proximité, etc. Les particuliers qui disposent d’un jardin sont également tenus, par la loi, de débroussailler régulièrement le terrain autour de leur habitation.

Ces précautions s’appliquent bien évidemment en forêt, où les forestiers constatent chaque année « la méconnaissance du public sur le risque de faire un feu en forêt », regrette Christophe Chantepy, expert en défense des forêts contre les incendies (DFCI) à l’ONF. « Chaque citoyen », rappelle-t-il, « doit donc être un acteur de la prévention, par des précautions convenables et des comportements responsables. Cela passe par une connaissance des dangers, des interdits et des obligations ». Un rôle de sensibilisation qu’assument volontiers les forestiers, dont les missions vis-à-vis du risque incendie dépassent largement ce seul cadre.

La gestion forestière au coeur de la prévention des incendies

Les forestiers sont en effet mobilisés avant, pendant et après l’incendie. Avant, en prévenant les risques de départ de feu et en contrôlant l’application de la réglementation. Pendant, en guidant les forces d’intervention et de secours. Après, enfin, en accompagnant la reconstruction des forêts incendiées. Surtout, les forestiers ont pour charge de planifier la gestion des forêts, grâce à des documents de gestion durable, des programmes de coupes ciblées, la création de coupe-feux et de route d’accès pour les sapeurs-pompiers, etc.

Les forestiers déploient également des efforts pour favoriser la santé des forêts, en évitant et limitant les dépérissements : coupes sanitaires, reboisement, élagage, identification d’essences plus résistantes aux nouvelles conditions climatiques… Autant de missions clés qui, menées en coordination avec les autorités locales, sont amenées à prendre de plus en plus d’importance dans les années et décennies à venir.