L’hydroélectricité boostée par l’arrêté S21

L’hydroélectricité boostée par l’arrêté S21
En Savoie, une initiative de boucle d’autoconsommation collective tire pleinement parti de l’arrêté S21 et du potentiel de l’hydroélectricité locale. Une combinaison qui permet de maximiser les économies d’énergie tout en renforçant la souveraineté énergétique du territoire.

L’autoconsommation collective séduit les collectivités

Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et de transition vers des modèles plus durables, les boucles d’autoconsommation collective apparaissent comme une solution concrète et efficace pour les collectivités. En Savoie, plusieurs communes et groupements ont franchi le pas, avec pour ambition de partager une énergie locale, verte et compétitive entre bâtiments publics, entreprises et, à terme, citoyens.

C’est dans ce cadre qu’a vu le jour une boucle territoriale appuyée par une centrale hydroélectrique locale, exploitée par un producteur indépendant. L’électricité générée est redistribuée entre les membres de la boucle selon un modèle établi, offrant à chacun une énergie à coût maîtrisé, tout en réduisant les émissions de CO₂.

L’arrêté S21 : un cadre juridique facilitateur

Le décret S21, entré en vigueur récemment, joue un rôle déterminant dans l’essor de ce type de projet. Il permet aux producteurs d’énergie renouvelable de cumuler un contrat d’obligation d’achat (OA) pour une partie de leur production et de participer simultanément à une opération d’autoconsommation collective pour une autre part. Autrement dit, les producteurs peuvent sécuriser une partie de leurs revenus grâce à l’OA tout en valorisant localement une autre portion de leur production.

Dans le cas de la Savoie, ce mécanisme a été pleinement mobilisé : la centrale hydroélectrique vend une partie de son énergie à EDF OA, et le reste alimente directement les bâtiments des communes partenaires. Cela rend le montage économiquement viable pour toutes les parties, tout en conservant une logique de circuit court énergétique.

L’hydroélectricité, une énergie taillée pour les boucles locales

Pourquoi l’hydroélectricité séduit-elle autant dans ces projets ? Parce qu’elle offre une production régulière, prévisible et relativement stable dans le temps, contrairement au solaire ou à l’éolien soumis à des aléas climatiques. En Savoie, les rivières et torrents de montagne fournissent un potentiel exploité de longue date, mais qui trouve aujourd’hui un nouvel usage avec les boucles d’autoconsommation.

De plus, le coût de production de l’hydroélectricité est parmi les plus compétitifs du marché. Cette énergie “verte” peut ainsi être revendue à un prix attractif à l’intérieur de la boucle tout en assurant la rentabilité du producteur, un point essentiel pour la pérennité du modèle.

Une gestion technique encore complexe

Malgré les nombreux avantages du combo “hydroélectricité + arrêté S21”, le suivi précis de la consommation et de la répartition de l’énergie reste un défi technique. Pour que chaque membre de la boucle paie ce qu’il consomme réellement, il faut mettre en place des compteurs intelligents, des logiciels de répartition et un pilotage énergétique en temps réel. Cela suppose des investissements initiaux, une montée en compétence des acteurs locaux, et une gouvernance collective rigoureuse.

En Savoie, des outils de gestion mutualisés ont été développés au sein de l’association qui pilote la boucle. Cela permet d’assurer la transparence dans la redistribution de l’énergie et d’éviter les conflits entre membres. À terme, l’objectif est même de rendre ces outils accessibles à d’autres territoires, pour essaimer ce modèle vertueux.

Un modèle reproductible ailleurs ?

L’expérience savoyarde illustre le potentiel d’un modèle énergétique décentralisé et coopératif. Avec une production locale, un cadre juridique stable et des outils de pilotage adaptés, l’autoconsommation collective devient une réalité tangible. De nombreuses autres collectivités s’y intéressent aujourd’hui, surtout dans les territoires ruraux ou de montagne, souvent riches en ressources renouvelables mais éloignés des grands réseaux.

Cependant, pour que ces initiatives prennent de l’ampleur, le soutien des pouvoirs publics demeure crucial : aides à l’investissement, accompagnement technique, simplification administrative… autant de leviers indispensables pour démultiplier les projets.

Conclusion : vers une transition énergétique ancrée dans les territoires

En combinant les opportunités de l’arrêté S21 avec le potentiel inégalé de l’hydroélectricité savoyarde, la boucle d’autoconsommation de Cœur de Savoie prouve que la transition énergétique peut s’ancrer localement, de façon durable et rentable. Ce modèle pourrait bien devenir une référence nationale, à l’heure où la France cherche à conjuguer efficacité énergétique, justice sociale et souveraineté énergétique.

C’est aussi la démonstration qu’avec un bon cadre juridique, une gouvernance territoriale forte et des ressources locales bien exploitées, il est possible de transformer profondément notre rapport à l’énergie.