Après plusieurs victoires, le collectif de défense des jardins d’Aubervilliers se prépare à de nouvelles batailles. La révision du plan local d’urbanisme menace 2 300 m² de parcelles sur le site historique, et les habitants et militants se mobilisent pour préserver ce poumon vert en pleine Seine-Saint-Denis.
Une journée de mobilisation sous le soleil et la canicule
Le 6 juillet dernier, malgré des températures écrasantes, le jardin des Vertus à Aubervilliers a accueilli des dizaines de militants, habitants et curieux venus soutenir la défense des jardins ouvriers. Dolorès, jardinière présente sur le site depuis cinq ans, témoigne : « On est là car les jardins sont à nouveau menacés. Cynique, vu les discours en ces temps de canicule ! »
L’événement avait une double vocation : à la fois festive et militante. Au programme, ateliers de jardinage, échanges entre habitants, musique et prise de parole pour rappeler l’importance du site. Mais derrière la convivialité se cachait une inquiétude profonde : la révision du plan local d’urbanisme (PLU), prévue pour septembre, pourrait entraîner la disparition de 2 300 m² de parcelles sur les sept hectares du jardin. Ces espaces, précieux pour les habitants, seraient remplacés par de nouveaux projets immobiliers et structures bétonnées.
Une lutte historique et victorieuse
Les jardins d’Aubervilliers ont été le théâtre de nombreuses mobilisations ces dernières années. Le collectif de défense, constitué de jardiniers, d’habitants et de militants écologistes, a multiplié les actions pour protéger ces espaces verts face à la pression de l’urbanisation.
Une victoire majeure avait été obtenue lors de l’opposition à un projet de solarium destiné à accompagner la piscine d’entraînement olympique. Ce projet, qui avait déjà détruit 4 000 m² de jardins, avait été stoppé grâce à une action juridique et à l’occupation symbolique du site. Ces succès ont renforcé la détermination du collectif et prouvé que l’organisation et la mobilisation citoyenne pouvaient peser face aux décisions urbanistiques.
« Chaque victoire nous montre que rien n’est perdu et que nos jardins ont une valeur sociale, écologique et culturelle », affirme l’un des membres du collectif. Les jardins ne sont pas seulement des lieux de culture de fruits et légumes, mais aussi des espaces de lien social et de détente dans un environnement urbain dense et souvent minéral.
Des menaces qui persistent
Malgré les succès passés, les jardins d’Aubervilliers restent fragiles. La révision du PLU, qui s’annonce imminente, pourrait imposer la disparition de plusieurs parcelles pour laisser place à des projets immobiliers. Pour le collectif, cela constituerait une nouvelle atteinte à un site qui représente bien plus qu’un simple espace de jardinage.
Les habitants soulignent également que la bétonisation menace l’équilibre écologique du quartier. Les jardins contribuent à réguler les températures locales, offrent un refuge à la biodiversité et participent à la qualité de vie en milieu urbain. « Chaque mètre carré perdu est un pas en arrière pour notre quartier et pour l’environnement », explique un militant.
La mobilisation continue
Pour anticiper ces menaces, le collectif entend relancer la mobilisation. Des réunions, ateliers et journées portes ouvertes sont prévus dans les semaines à venir pour sensibiliser les habitants et les élus. L’objectif est de démontrer que les jardins sont un bien commun à préserver et que leur destruction n’est pas inéluctable.
Les réseaux sociaux et les pétitions en ligne viennent compléter cette stratégie, permettant de toucher un public plus large et de mettre la pression sur les décideurs locaux. « Plus nous serons nombreux à montrer notre attachement à ces jardins, plus nous aurons de chances de faire entendre notre voix », explique un porte-parole du collectif.
Un combat pour le futur
La défense des jardins d’Aubervilliers dépasse la simple question foncière. Il s’agit de préserver des espaces de vie, de respiration et de lien social dans une ville en constante expansion. Les militants rappellent que les jardins ouvriers ont une dimension historique et culturelle, témoignant du patrimoine populaire et de la lutte pour des espaces verts accessibles à tous.
Avec la révision du PLU qui approche, l’enjeu est crucial. Le collectif espère que la mobilisation citoyenne et les actions juridiques permettront de protéger ces espaces et de garantir leur existence pour les générations futures. Le message est clair : les habitants d’Aubervilliers ne laisseront pas leur jardin disparaître sans se battre.