Des initiatives locales qui prouvent leur efficacité
En Méditerranée, par exemple, la One Ocean Foundation a lancé un programme ambitieux dans la baie de Bergeggi, en Italie, en transplantant plus de 2 000 fragments de posidonie sur 100 m² de fonds marins grâce à des tapis en fibre de coco. Cette plante, véritable poumon de l’écosystème côtier, joue un rôle essentiel dans la production d’oxygène et la protection contre l’érosion. Ces initiatives locales s’inscrivent dans un mouvement plus large : le projet européen MERCES, actif sur environ 6 000 km², vise à régénérer herbiers, récifs et habitats profonds dans plusieurs zones marines dégradées du continent.
Les actions ne se limitent pas aux plantes marines. En Écosse, l’association COAST a obtenu en 2008 la création d’une zone d’interdiction totale de pêche à Lamlash Bay. Résultat : la biomasse de homards et de coquilles y a doublé en quelques années, stimulant à la fois la biodiversité et l’économie locale via la pêche durable et le tourisme de plongée. Au Royaume-Uni également, le projet Restoration Forth a réintroduit plus de 30 000 huîtres plates européennes dans l’estuaire du Firth of Forth, avec un taux de survie de 85 %, améliorant significativement la qualité de l’eau et offrant un habitat à d’autres espèces marines.
Un levier essentiel mais dépendant d’une vision globale
Si ces succès montrent le potentiel de la régénération marine, ils soulignent aussi l’ampleur des moyens nécessaires. Restaurer 10 % des récifs coralliens dégradés dans le monde coûterait au moins un milliard de dollars, et plus de la moitié des récifs restaurés subissent un nouveau blanchissement en moins de cinq ans si la hausse des températures et la pollution ne sont pas contenues. Depuis 2015, environ 3,35 milliards d’euros ont été investis dans 237 projets de restauration marine, principalement centrés sur les récifs, les mangroves et les herbiers. Les données montrent que 64 % de ces restaurations sont considérées comme réussies, mais leur pérennité dépend directement de la réduction des pressions environnementales.
Face à l’urgence climatique et à la perte de biodiversité, la restauration des écosystèmes marins apparaît donc comme un levier essentiel, mais elle ne peut être efficace qu’intégrée à une stratégie globale de protection des océans. Les projets locaux prouvent que la régénération est possible — à condition que les efforts soient durables et accompagnés d’un engagement politique fort.