Une évaluation sévère sur la période 2019-2024
Chargée d’assurer la mise en œuvre des politiques de l’eau dans le grand bassin Loire-Bretagne, l’agence publique fait l’objet d’une analyse détaillée par la Cour des comptes couvrant les années 2019 à 2024. Ce bassin, l’un des plus vastes de France, englobe des territoires aux enjeux environnementaux sensibles, comme la Bretagne, fortement touchée par les algues vertes.
Le rapport met en évidence des lacunes structurelles dans l’organisation et le pilotage de l’établissement. Les magistrats financiers soulignent notamment des outils de programmation insuffisamment coordonnés avec les enjeux du territoire, ainsi qu’un manque d’agilité dans l’allocation des ressources.
Des difficultés internes qui freinent l’action
L’un des principaux constats concerne les problèmes de ressources humaines. L’agence peine à recruter certains profils clés, en particulier des ingénieurs spécialisés, ce qui ralentit la mise en œuvre des projets locaux. À cela s’ajoute un contexte budgétaire tendu, avec une baisse des recettes liée à la réduction de certaines redevances perçues auprès des usagers de l’eau.
La Cour note également des déséquilibres dans les contributions financières. Certains secteurs économiques, notamment agricoles et industriels, sont moins mis à contribution que d’autres, alors même que leur impact sur la qualité de l’eau reste significatif. Ce déséquilibre limite l’équité du système de financement et affaiblit les capacités d’intervention de l’agence.
L’agence de l’eau Loire-Bretagne a un rôle pourtant essentiel
Ces constats sont d’autant plus préoccupants que les agences de l’eau jouent un rôle central dans la préservation des ressources hydriques en France. Elles collectent des redevances auprès des pollueurs ou des utilisateurs d’eau (particuliers, collectivités, industries, agriculteurs) pour financer des actions en faveur de la qualité des milieux aquatiques.
Dans le bassin Loire-Bretagne, cette mission est particulièrement stratégique : réduction des nitrates, restauration des cours d’eau, gestion de la ressource face au changement climatique, autant d’enjeux auxquels l’agence doit répondre, souvent en lien étroit avec les collectivités locales.
Des recommandations pour un redressement de l’agence de l’eau Loire-Bretagne
Face à ces faiblesses, la Cour des comptes émet plusieurs recommandations. Elle appelle à une révision de la gouvernance interne, une meilleure transparence dans l’attribution des aides, et un rééquilibrage des redevances afin que les pollueurs les plus importants participent davantage au financement des actions.
Elle invite aussi l’agence à renforcer son attractivité en matière d’emploi public et à s’appuyer sur une programmation pluriannuelle plus rigoureuse, permettant de stabiliser les priorités et d’optimiser les ressources disponibles.
Une alerte sur fond d’urgence écologique
Ce rapport sonne comme une alerte sur la capacité de la France à atteindre ses objectifs environnementaux en matière d’eau. Alors que les pressions sur les milieux aquatiques s’intensifient – notamment en lien avec l’agriculture intensive, l’urbanisation et le changement climatique – la performance des agences devient un enjeu national.
L’agence Loire-Bretagne, en charge d’un vaste territoire aux enjeux multiples, est appelée à se réformer rapidement pour assurer la cohérence, l’efficacité et la justice de l’action publique en matière de gestion de l’eau.
Une transformation nécessaire pour répondre aux défis de demain
Le rapport de la Cour des comptes ne remet pas en cause la légitimité de l’agence Loire-Bretagne, mais interroge sa capacité à être à la hauteur des défis écologiques actuels. Renforcer sa gouvernance, rééquilibrer les contributions financières et attirer des compétences techniques sont autant de leviers indispensables pour préserver durablement une ressource vitale.