Colza : une opportunité pour accélérer la transition des transports

Colza : une opportunité pour accélérer la transition des transports
Dans un contexte de transition énergétique et d’explosion du coût des énergies, le secteur des transports poursuit sa mue. Et les démarches se multiplient, visant à utiliser le colza comme carburant, en métropole, et aussi produire de l’électricité. Explications. 

A l’heure de la transition énergétique et de la Stratégie nationale bas carbone qui vise la neutralité carbone à horizon 2050, certaines données font tache. A eux seuls, les transports représentaient 31% des émissions françaises de gaz à effet de serre, en 2019. Et depuis 1990, les émissions des transports ont augmenté de 9%, peut-on lire sur le portail notre-environnement.gouv.fr. « Les transports routiers contribuent à la quasi-totalité (94 %) des émissions du secteur des transports », détaille la plateforme. 

Si le constat n’est pas rose, le secteur des transports a bel et bien entamé sa transition. Par l’électrique bien sûr, et aussi, dans une moindre mesure, via l’utilisation de biocarburant à base de colza.

Facilité d’usage

Et cet oléagineux transformé en source d’énergie ne remplit pas uniquement les réservoirs des voitures. En région Franche-Comté, entre Besançon et Morteau, des trains, qui carburaient d’ordinaire au diesel, roulent depuis quelque temps grâce à un biocarburant B100 produit à base de colza français. Les premiers tests semblent concluants, si l’on en croit la SNCF. 

« On s’attendait à une surconsommation, elle est finalement minime. On s’attendait aussi à une perte de puissance, mais ce n’est finalement pas le cas sur la ligne Besançon-Morteau, alors qu’elle présente pourtant une faible déclivité », expliquait Jean-Luc David, ingénieur matériel à la SNCF à France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

« La démarche est très bien acceptée chez nous, car ça va dans l’air du temps. L’acceptation a été très forte dès lors qu’il s’agit de “verdir” le parc, d’amener des nouvelles solutions technologiques et énergétiques, et de sortir du carburant fossile », s’enthousiasmait Alexis Guillon, chef d’équipe des conducteurs de la ligne en question.

Sur la route aussi

Outre le chemin de fer, le colza roule aussi pour la route, notamment dans le secteur de la mobilité lourde. A Saint-Blaise (Alpes-Maritimes), l’entreprise de BTP Courbaise s’est laissée séduire et a rétrofité une partie de sa flotte au colza français. Verdict ? « C’est écologique, ce n’est pas polluant et ce n’est pas pris sur les terres consacrées à l’alimentation », détaille au Parisien, Pascal Biscroma, directeur d’exploitation de Courbaisse Transports. Les protéines végétales, elles, servent toujours à nourrir le bétail. Ce qui apaise les craintes quant à l’émergence d’une possible concurrence pour la terre entre nourriture et carburant.

En janvier dernier, ce sont les entreprises Colas et Saipol qui ont signé un accord d’approvisionnement, visant à décarboner les poids lourds de Colas en France. Le carburant biosourcé devrait réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au gazole et jusqu’à 80% celles des particules fines. Au total, ce sont possiblement 46 000 tonnes de CO2 d’économisées sur l’année, une fois le déploiement terminé.

Le colza en lieu et place du fioul

En dehors de la métropole, les industriels cherchent d’autres débouchés pour le colza. Lequel pourrait bientôt remplacer le fioul utilisé pour le fonctionnement des centrales électriques. D’ailleurs, EDF PEI, filiale d’EDF, ambitionne d’en approvisionner plusieurs en huile de colza. Le projet concerne ses trois centrales thermiques à moteur, situées à La Réunion, en Martinique et en Guadeloupe. Une quatrième centrale fonctionnant à la biomasse liquide doit voir le jour en Guyane. L’énergéticien prévoit donc de se fournir essentiellement en huile de colza, co-produits de la fabrication d’aliments pour le bétail à base de tourteaux (résidus). Pour une tonne de colza cultivée, 55% iront aux protéines végétales et 45% à la fabrication d’huile de colza.

Pour répondre à ses besoins (de 100 000 à 150 000 tonnes de biomasse liquide par an pour une centrale), EDF mise sur un approvisionnement issu de filières durables, en conformité avec les directives européennes, notamment la réglementation RED 2... 

La méthode fait des émules jusqu’à Mayotte, où Électricité de Mayotte (EDM) a décidé, lui aussi, d’adopter le colza. Le processus est testé à petite échelle sur la centrale des Badamiers, qui pourrait être convertie en 2023. Longoni, une autre usine d’EDM pourrait elle aussi plonger dans le bioliquide dès 2025.