À la Cop 26, Eve Bazaïba fait briller la RDC

À la Cop 26, Eve Bazaïba fait briller la RDC
Remarquée lors de la COP26 pour son implication dans la préservation des forêts équatoriales du Bassin du Congo, la ministre de l'Environnement de Félix Tshisekedi s'est patiemment imposée comme une figure incontournable de la vie politique congolaise. Son ascension politique témoigne d'une prise de conscience des enjeux environnementaux en RDC, que ce soit au niveau de la rue ou dans les plus hautes sphères de l'État.

 Comment, dans un événement aussi couru par les grands de ce monde que la COP26, sortir du lot  et faire avancer son agenda ? Peut-être en représentant, comme Eve Bazaïba, l’un de ces rares pays encore considérés comme l’un des « poumons verts » de la planète : la République démocratique du Congo (RDC). Fraîchement nommée – depuis le 12 avril dernier – à la tête du très stratégique ministère congolais de l’Environnement, celle que ses compatriotes surnomment affectueusement « Maman Eve » étreignait donc sa stature internationale dans les travées du grand raout climatique mondial, où elle faisait partie de la délégation emmenée par le président de la RDC, Félix Tshisekedi.

 

Pour Eve Bazaïba, la RDC est un « pays solution »

Car l’enjeu de cette COP était de taille pour la RDC, qu’avec ses immenses forêts et ses nombreuses ressources naturelles sa ministre de l’Environnement aime à présenter comme un « pays solution ». À l’opposé de toute posture victimaire, Eve Bazaïba clame en effet que le Congo peut et doit s’imposer comme un véritable « pivot dans la lutte contre le changement climatique ». Une posture optimiste et volontariste, qui reflète en miroir la place centrale qu’a patiemment acquise dans le paysage politique congolais celle qui se fait aussi appeler « Jeanne d’Arc » par ses supporters.

Il aura pourtant fallu plus de trois décennies à Eve Bazaïba, aujourd’hui âgée de 56 ans, pour réussir à s’imposer au premier plan de la politique locale, puis nationale et même internationale. De ses débuts dans l’opposition à Mobutu à son incarcération, en 1988, en passant par les arcanes du Mouvement de libération du Congo (MLC) et les difficiles négociations de l’ère post-Kabila, le parcours d’Eve Bazaïba est intimement lié aux soubresauts ayant accouché du Congo moderne. Aujourd’hui, c’est dans une volonté constructive et d’union nationale que l’intéressée a accepté de rejoindre la majorité présidentielle : « il fallait s’unir pour sauver le pays, confie la ministre. À mon sens, c’est un choix politique qui doit être applaudi ». Aujourd’hui ministre du Président Félix Tshisekedi, ce dernier lui a confié la lourde tâche de faire de la RDC un pays modèle en matière d’écologie.

 

Prise de conscience

Et depuis son arrivée à la tête du ministère, les dossiers chauds s’accumulent pour Eve Bazaïba. La ministre est notamment en première ligne du combat pour la préservation de la forêt tropicale du Bassin du Congo, un formidable ensemble forestier qui s’étend sur pas moins de huit pays africains et abrite quelque 75 millions d’individus depuis des dizaines de milliers d’années. Second poumon de la planète après l’Amazonie, le Bassin du Congo et sa préservation étaient, justement, au programme d’un important sommet sur la forêt tropicale, auquel participait Eve Bazaïba en septembre dernier à Berlin. Un tour de chauffe avant le grand rendez-vous de la COP26, au terme de laquelle Félix Tshisekedi a réussi à convaincre une douzaine d’États et d’organisations internationales à financer, à hauteur de 1,5 milliard de dollars, un nouveau fonds pour protéger les forêts du Bassin.

Toujours à l’occasion de la COP26, un collectif de ministres de l’Environnement – dont fait évidemment partie Eve Bazaïba – et de chercheurs a appelé à mobiliser 150 millions de dollars en faveur d’un ambitieux programme de recherche visant à améliorer la connaissance scientifique de cette région si précieuse et décisive pour l’avenir de l’humanité. « Nous savons si peu de choses sur les forêts majestueuses d’Afrique centrale », écrivent les signataires, selon qui « une initiative sur la science du climat du bassin du Congo réduirait notre ignorance collective. Le manque d’investissement est l’obstacle à la sauvegarde de ces précieux écosystèmes. Surmontez cela et l’avenir du deuxième  »grand poumon vert » de la Terre sera plus radieux ».

L’ascension d’une figure de proue de la politique congolaise au ministère de l’Environnement témoigne également, d’une manière plus générale, de la place croissante que gagnent ces questions au sein de la société et de la classe politique de RDC. Devant l’urgence, partout les initiatives fleurissent, et celles-ci ne sont pas uniquement dirigées en faveur de la forêt équatoriale. Les villes congolaises, particulièrement productrices de déchets et de pollution, ne sont pas oubliées. À Kinshasa, l’usine de recyclage Clean Plast permet désormais de collecter, trier et recycler une partie des tonnes de déchets plastiques qui rejoindraient, sinon, les véritables rivières de bouteilles qui jonchent la mégalopole de 17 millions d’habitants. Un petit pas, certes, qui illustre néanmoins la prise de conscience à l’œuvre en RDC, que ce soit dans la rue ou dans les plus hautes sphères de l’État.