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Les Français toujours favorables aux tickets de caisse en papier : une mauvaise nouvelle pour l’environnement ?

Les consommateurs français se montrent réticents à adopter les tickets de caisse numériques, se prononçant en cela à l’encontre de la volonté du gouvernement. Si la pollution engendrée par les tickets virtuels est effectivement moins visible que celle des tickets papier, elle n’en est pas moins réelle.

Baisse de la pollution de l’air, animaux sauvages de retour dans les rues, chasseurs interdits de tirer sur tout ce qui bouge… : le reconfinement va-t-il, comme au cours du printemps dernier, accorder une forme de répit, aussi bref que salutaire, à la nature ? Les défenseurs de l’environnement seraient sans doute tentés de l’espérer, décelant dans cette interruption contrainte et anxiogène des activités humaines l’une des rares conséquences positives de la crise sanitaire. Mais certaines habitudes ont la vie dure et les Français, comme en témoignent la fronde des restaurateurs et de leurs clients ou le féroce lobbying des chasseurs, ne sont pas toujours prêts à abandonner leurs pratiques les moins écologiques.

Les Français plébiscitent les tickets de caisse en papier

Comme le révèle une enquête réalisée en mars par OpinionWay pour GETP, 60% des personnes interrogées par l’institut de sondages préfèrent, quand elles réalisent un achat dans une boutique physique, recevoir un ticket de caisse papier. Seuls 39% des sondés opteraient, au contraire, pour un ticket de caisse dématérialisé (par email ou SMS). Comment expliquer une telle défiance face aux tickets virtuels ? Pour 73% des répondants, c’est la peur de recevoir des spams promotionnels qui leur fait préférer les tickets en papier ; 68% redoutent l’impossibilité d’accéder aux tickets en l’absence d’Internet ; 56% craignent que des pirates n’utilisent leur identité ; et 55% ont peur de se faire dérober leurs informations personnelles, comme leur numéro de carte bancaire par exemple.

C’est donc sans surprise qu’une majorité (55%) des personnes interrogées se déclarent opposées à une loi interdisant les tickets de caisse en papier – une proportion qui augmente significativement avec l’âge des sondés, passant de 35% chez les 18-24 ans à 71% chez les 65 ans et plus. En tout état de cause, les consommateurs français ne semblent donc pas disposés à passer au tout numérique quand ils réalisent des achats dans des magasins physiques. Une tendance qui s’inscrit à rebours de la volonté du gouvernement, qui avait l’année dernière fait part de sa volonté d’interdire les tickets de caisse en papier, au nom de la protection de l’environnement. Mais l’interdiction des tickets traditionnels serait-elle aussi écolo que l’avancent les autorités ?

Les tickets de caisse électroniques aggravent la pollution numérique

Si les tickets en papier disparaissent un jour, pas question, pour autant, de se passer d’une forme de preuve d’achat, nécessaire pour faire valoir ses droits en cas de rétractation, d’échange ou de remboursement de tel ou tel produit. Les tickets de caisse ne vont donc pas disparaître ; ils seront tout bonnement remplacés par leurs équivalents dématérialisés, envoyés par email ou tout autre moyen de communication électronique. Au lieu de s’entasser dans leur portefeuille, les tickets de caisse virtuels viendront donc encombrer les ordinateurs et téléphones des consommateurs. Et ils contribueront, de par leur production, leur acheminement et leur stockage souvent illimité dans le temps, à aggraver la pollution numérique qui, contrairement à ce que son nom indique, n’a rien de virtuel.Ainsi, le secteur des nouvelles technologies serait d’ores et déjà responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). A titre d’exemple, quelques 300 millions de tonnes de CO2 sont rejetées dans l’atmosphère chaque année du seul fait de la consommation de vidéos en streaming. Les serveurs des entreprises technologiques sont très consommateurs d’énergie, et plus nous envoyons et conservons de données en ligne, plus nous émettons de GES. En somme, si la pollution numérique est a priori plus discrète, moins immédiatement perceptible que d’autres formes d’atteintes à l’environnement, elle n’en est pas moins dommageable. Et l’augmentation exponentielle du trafic et du stockage de data n’augure rien de bon. En d’autres termes, préférer les tickets virtuels à leurs ancêtres en papier pourrait bien aggraver le problème plutôt que faire partie de la solution.

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