Les politiques climatiques de l’Europe de plus en plus ambitieuses

Les politiques climatiques de l’Europe de plus en plus ambitieuses

L’Union européenne devrait lancer des discussions la semaine prochaine sur la rapidité avec laquelle elle réduira les émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie.

Déjà sur la bonne voie pour atteindre son objectif climatique pour 2030, l’UE veut maintenant rendre cet objectif encore plus ambitieux, pour se mettre en position pour son plan phare visant à atteindre zéro émission nette d’ici 2050.

La Commission exécutive de l’UE proposera la semaine prochaine un nouvel objectif d’émissions pour 2030, ouvrant la voie à des pourparlers entre les États membres et le Parlement européen, qui doivent approuver l’objectif mais sont partagés quant à son ambition.

Un écart entre les pays les plus riches et les plus pauvres

La Commission proposera deux solutions : une réduction de 50% ou 55% des émissions d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990. L’objectif actuel de l’UE pour 2030 est une réduction de 40%.

La Commission devrait vraisemblablement retenir l’objectif de 55%, soutenu par 12 des 27 membres de l’UE, la plupart étant les pays les plus riches.

Les pays plus pauvres de l’Est du bloc, qui dépendent de l’énergie au charbon sont plus inquiets des investissements nécessaires pour atteindre cet objectif et des retombées économiques pour les travailleurs et les entreprises des régions riches en combustibles fossiles.

L’UE prévoit de dépenser 550 milliards d’euros pour atteindre ses objectifs verts d’ici 2027, mais les chercheurs estiment que plus de 3 milliards d’euros d’investissements sobres en carbone supplémentaires seraient nécessaires pour atteindre un objectif de réduction de 50%.

La Commission publiera la semaine prochaine une évaluation économique du nouvel objectif. Le nouvel objectif pour 2030 préparera le terrain sur les réformes des politiques de l’UE, y compris son marché du carbone, ses règles de financement et sa fiscalité, afin de contribuer à la réalisation des objectifs verts.

Des objectifs inatteignables ?

Les législateurs qui rédigent la position du Parlement européen envisagent une réduction des émissions encore plus ambitieuse d’ici 2030, allant de 60 à 65 %.

La commission de l’environnement du Parlement votera jeudi sur l’objectif 2030 qu’elle souhaite insérer dans la législation européenne sur le climat. Un vote complet du Parlement interviendra plus tard.

En fin de compte, un manque de soutien des gouvernements nationaux rend improbable la fixation d’un objectif à 65%. Mais, en visant haut, les législateurs espèrent faire en sorte que l’objectif soit moins édulcoré lorsque les États membres, la Commission et le Parlement cherchent un compromis sur l’objectif final.

Une problématique mondiale

À l’échelle mondiale, le monde devrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’environ 40 % à 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, ce qui correspond à une réduction de 20 % à 35 % par rapport aux niveaux de 1990, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies.

Cet objectif est conçu pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré au-dessus de l’époque préindustrielle et éviter les pires impacts du changement climatique. Il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre. Déjà, les températures mondiales ont augmenté de plus de 1 degré en moyenne, et les efforts actuels des pays ne parviendraient probablement pas à éviter un réchauffement supplémentaire de 2 degrés.

En Europe, les scientifiques affirment que l’UE aura du mal à atteindre son objectif 2050 d’émissions nettes nulles à moins qu’elle n’atteigne une réduction d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030.

L’Europe devrait également faire des coupes plus importantes que d’autres régions du monde qui sont encore en développement. Mais calculer une part « équitable » des réductions d’émissions pour une économie développée comme l’UE est délicat.

« Ce n’est pas une question scientifique », a déclaré Joeri Rogelj, spécialiste du climat à l’Imperial College de Londres, auteur principal des rapports du GIEC.