Un projet de ferme usine débouté par la préfecture de Saône-et-Loire

Un projet de ferme usine débouté par la préfecture de Saône-et-Loire
Les défenseurs de la cause animale et les opposants à l'industrialisation brutale de l'élevage agricole ont aujourd'hui des raisons de se réjouir. La préfecture du département de Saône-et-Loire vient en effet d'annoncer le rejet d'un projet de ferme-usine qui visait à accueillir plus de 4.000 bovins dans la ville de Digoin.

Dans un arrêté pris ce jeudi 3 mai, le préfet du département de Saône-et-Loire a rejeté la demande de l’agriculteur qui demandait l’autorisation d’exploiter « un élevage de 3.910 bovins destinés à l’exportation, 240 bovins à l’engraissement et 320 vaches allaitantes » sur une exploitation située en périphérie de la commune de Digoin.

La décision de la préfecture s’appuie en outre sur l’avis mitigé du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). Lors de son analyse du dossier, ce dernier a souligné chez l’agriculteur à la tête du projet des « antécédents très défavorables en matière de maîtrise des nuisances » ainsi que des difficultés « à respecter les obligations réglementaires applicables ».

La préfecture a de son côté pointé des difficultés « en matière de respect du voisinage, de la sécurité et de la salubrité publique », ainsi qu’une possibilité de pollution des sols et des eaux en raison de la proximité d’une des installations du projet avec un cours d’eau voisin.

Selon le Coderst, la demande initiale de l’éleveur avait pour objectif de régulariser un nombre de bovins supérieur à la limite légale autorisée pour l’exploitation. Il apparait cependant que le dossier a été établi « dans le but d’augmenter de manière manifestement disproportionnée une activité actuelle qui ne respecte déjà pas les dispositions réglementaires ».

Selon les termes utilisés dans la demande d’autorisation, l’agriculteur souhaitait faire évoluer son activité vers l’accueil de quantité de jeunes bovins « pour mise en quarantaine sanitaire durant cinq semaines avant d’être exportés vers des centres d’engraissement en France ou à l’étranger ». Des pays du Maghreb (Algérie et Maroc) ainsi que la Turquie étaient mentionnés dans ce document.

Cette déconvenue auprès de la préfecture de Saône-et-Loire fait suite à l’avis favorable émis par la direction régionale de l’environnement (DREAL) de Bourgogne Franche-Comté en juillet dernier. Le projet a cependant reçu un avis contraire de la part du commissaire enquêteur à la suite d’une enquête publique d’un mois. Une pétition de l’association Agir pour l’environnement, qui s’oppose à cette ferme-usine, a également reçu plus de 68.000 signatures.

« Ce centre d’allotement géant, suite logique à l’industrialisation des élevages et des abattoirs, n’est que de la poudre aux yeux des éleveurs. [Ce projet de ferme] contribue à enfermer les éleveurs bovins dans un modèle qui a déjà conduit nombre d’entre eux au désastre », a fait savoir la Confédération paysanne dans un communiqué de presse.