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Vu la contribution de l’élevage aux émissions de dioxyde de carbone et de méthane mondiales (et donc au réchauffement climatique) d’une part et l’accroissement démographique d’autre part (NDLR : les spécialistes parlent de neuf milliards de terriens à l’horizon 2050), les populations rétives auraient quelque intérêt à surmonter leur aversion pour les insectes – en général de principe – et à les intégrer prestement à leurs régimes alimentaires, à plus forte raison parce qu’ils sont excellents pour la santé. La production de viande génère par ailleurs une consommation d’eau beaucoup trop importante (treize mille litres d’eau pour un seul kilogramme de boeuf !) au regard des enjeux actuels.
Dans ces conditions, les expérimentations en vue de concevoir des viandes « synthétiques » en laboratoire à travers la culture de cellules musculaires prennent tout leur sens. Des scientifiques des universités néerlandaises de Eindhoven, La Haye et Maastricht travaillent sur ce projet depuis de longs mois, partageant la conviction du biologiste américain Jason Matheny selon lequel, « avec une seule cellule, on pourrait théoriquement produire les besoins mondiaux annuels en viande », ce « d’une façon meilleure pour l’environnement et la santé humaine ».
La tâche n’est pas aisée dans la mesure où les paramètres diffèrent selon qu’on veuille « fabriquer » du boeuf ou du porc. « En ce qui concerne la recréation de la structure d’une entrecôte, il faut par exemple étudier dans le détail « la façon dont l’animal – sur pied – fait travailler ses muscles » », précisions-nous dans ces colonnes en mars 2010. La donne n’a bien entendu pas changé depuis et l’isolement de cellules-souches de boeufs, porcs et autres poulets en vue de produire de la viande demeure un défi tout à fait considérable. Des avancées ont toutefois été observées ces dernières semaines, des supermarchés seraient prêts à franchir le pas et plusieurs spécialistes parient même sur une sortie de laboratoire des premières « saucisses alternatives » dans six mois – les « hamburgers alternatifs », eux, pourraient faire leur apparition dans un an.
Chercheur à l’Université de Maastricht, Mark Post est il est vrai parvenu à mettre au point un procédé pour faire pousser des muscles de cochons en laboratoire. Comment ? En nourrissant des cellules-souches avec… du sérum de foetus de cheval. Et si l’apparence de la viande est encore inquiétante – elle semble « anémique » et blanchâtre -, gageons que l’une ou l’autre enseigne sera bientôt prête à fermer les yeux…
Il est plus que probable que des millions de consommateurs partout dans le monde refuseront une telle (r)évolution en connaissance de cause. La généralisation de viandes « synthétiques » ne manquerait cependant pas d’atouts, entre ceux évoqués plus haut et une quantité de terre utilisée inférieure de 99 % à celle nécessaire pour les viandes ordinaires, sans parler des dizaines de milliers d’hectares de forêts qui pourraient être épargnés. La défense des intérêts de la planète ne justifie-t-elle pas que les carnivores d’emblée récalcitrants y réfléchissent à deux fois ?
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