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Une équipe de chercheurs américains vient de constater que les bruits industriels repoussent les espèces animales des zones environnantes. Et lorsque les pollinisateurs fuient la pollution sonore, c’est toute une biodiversité qui est perturbée…
Qu’il est agréable de fuir le raffut des villes pour profiter du calme de la campagne ! Mais lorsque ce sont les animaux qui fuient, c’est qu’il y a un problème. Une étude réalisée par des scientifiques du Centre national de la synthèse évolutive de Caroline du Nord (Etats-Unis) a récemment montré que le bruit affecte en effet le comportement et la répartition des oiseaux et autres vertébrés. Le paysage de plantes et d’arbres s’en trouve de facto bouleversé.
Les études ont porté sur la faune du Rattlesnake Canyon, au Nouveau-Mexique. Les équipes se sont dans un premier temps penchées sur le cas des oiseaux, « considérés comme particulièrement sensibles à la pollution sonore en raison de leur dépendance à la communication acoustique », rapporte le site de la BBC. Des fleurs artificielles habituellement pollinisées par les colibris ont été disposées dans des endroits bruyants et silencieux. Ces fausses fleurs, qui contenaient du vrai nectar, ont permis aux chercheurs de connaître de façon exacte la quantité de liquide sucré consommée par les colibris. Ils ont alors eu la surprise de découvrir que ces oiseaux, et particulièrement le colibri à gorge noire, ont effectué cinq fois plus de visites dans les zones bruyantes. Responsable de l’équipe de recherche, Clinton Francis explique ce phénomène par le danger que représenterait une autre espèce se nourrissant des oisillons des colibris, espèce que ceux-ci essaieraient donc de fuir.
Des services écologiques perturbés
A la suite d’une seconde expérience, laquelle consistait à éparpiller des graines de pin Pinon et à observer les animaux venus les manger, les spécialistes ont pu remarquer que les souris préfèrent davantage les zones bruyantes, qui sont au contraire évitées par les geais. Une très mauvaise nouvelle pour les arbres dans la mesure où « les graines mangées par les souris ne survivent pas au passage dans l’intestin de l’animal ». « Une augmentation de la population de souris à proximité des zones bruyantes pourrait donc entraîner une réduction de la germination de ces graines », a expliqué M. Francis à nos confrères. Et d’ajouter : « En revanche, un geai peut collecter des centaines voire des milliers de graines et les cacher dans le sol pour les manger plus tard dans l’année. Certaines de ces graines finiront par germer. » Les chercheurs auraient d’ailleurs constaté que le nombre de jeunes pousses de pin était quatre fois plus important dans les sites calmes.
« Nous avons réalisé que la pollution sonore peut augmenter ou perturber les services écologiques que sont le transfert de pollen et de graines », concluent les auteurs de l’étude. De tels effets pourraient entraîner de dramatiques conséquences à long terme sur les écosystèmes et la biodiversité, d’autant que l’étalement urbain, et donc la pollution sonore, est grandissant. Outre à celle des émissions de gaz à effet de serre (GES), c’est donc aussi à une réduction des bruits qu’il faut s’atteler.
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