La WWF démontre l’ampleur de la pollution de la Méditerranée par les phtalates

La WWF démontre l’ampleur de la pollution de la Méditerranée par les phtalates
L'organisation non gouvernementale internationale WWF a publié jeudi 8 juin une étude qui vise à attirer l'attention de la communauté internationale sur la contamination des mammifères marins de la mer Méditerranée par les phtalates, produits chimiques dérivés de l'acide phtalique. Selon les premiers éléments du rapport de la WWF, les cétacés qui vivent dans les eaux méditerranéennes ingèrent, directement ou via leurs proies, cette substance chimique néfaste présente notamment dans le plastique.

Les mammifères marins tels que les baleines, les dauphins, les orques et autres cachalots sont les tristes témoins de la pollution marine qui s’intensifie un peu plus chaque année. Mêmes les prédateurs se trouvant au sommet de la chaîne alimentaire ne sont pas épargnés : des études démontrent que de nombreuses populations d’orques souffrent de grave contamination au mercure. S’il était utile de le démontrer à nouveau, la nouvelle étude de la WWF signale que le phénomène n’est pas près de ralentir.

Selon cette récente étude, les rorquals communs, les cachalots et les globicéphales noirs du sanctuaire marin protégé de Pelagos (situé entre la France, l’Italie et la Sardaigne) présentent « une contamination significative » aux phtalates. Ces derniers sont des composés chimiques que l’on retrouve dans la composition du plastique, des cosmétiques ou encore dans les revêtements de sol.

« Si ces animaux, qui vivent au large, sont contaminés, ce n’est pas anodin, cela doit nous alerter », estiment les auteurs du rapport qui ont procédé en 2016 à des prélèvements de peau sur plus de 85 mammifères marins (70 rorquals communs, 9 cachalots et 6 globicéphales noirs). L’Université d’Aix-Marseille a procédé à l’analyse de ces échantillons, et a notamment cherché à détecter la présence de 10 phtalates particulièrement nocifs.

Les analyses ont démontré que « l’ensemble des échantillons analysés montrent des concentrations significatives en phtalates ». Autre résultat effrayant : aucune des trois espèces n’est épargnée par la contamination. Le DNDP est le seul phtalate qui n’a pas été détecté au cours des analyses de l’Université d’Aix-Marseille. Il apparaît en revanche que le plus dangereux, le DEHP, affiche une valeur moyenne de 1.060 microgrammes par kilo de matière sèche. Soit la seconde position en termes de concentration.

« À titre de comparaison, pour l’homme, on considère qu’une source alimentaire a une concentration élevée lorsque la quantité de phtalate passant du plastique dans l’aliment est supérieure ou égale à 300 microgrammes/kg », précise l’étude de la WWF.

« Près de 269.000 tonnes de déchets plastiques formés de plus de 5.000 milliards de particules flottent sur les océans. Les résultats que nous présentons aujourd’hui, à l’occasion de la Journée des océans, démontrent que s’il est urgent de nettoyer les océans de leurs plastiques, il est tout aussi prioritaire de prendre des mesures de réduction de la pollution par toutes les sources de contamination par les phtalates », a estimé dans un communiqué de presse la présidente de la WWF, Isabelle Autissier.